CONTE: LA BELLE AUX CLÉS D'OR (PARTIE III)
III. Ce que le jeune prince devint à Paris, et ce
que le roi lui ordonna de faire
« Et maintenant, qu’allons-nous
faire ? J’espère,
Dit le prince, que je reviendrai voir
mon père,
Qui d’une belle princesse veut que je
sois mari. »
La jument répondit : « Non,
allons à Paris. »
Et avec lui elle se mit à marcher
encore.
Il trouva un ruban de diamants. Comme l’aurore,
Il reluisait, changeant la nuit en jour
radieux.
Les deux marchèrent aussi longtemps qu’il
plut à Dieu,
Et arrivèrent enfin à Paris, moins
immense
Qu’il ne l’est de nos jours. Dans une
pâture dense
Qui était alors grasse et fraîche à
faire plaisir,
Le prince mena sa jument qui à loisir
Broutait, car elle avait grand faim, l’herbe
verte.
« Tu vois ce blanc palais à la
porte ouverte,
Lui dit-elle, c’est là que demeure le
roi.
Allons le voir quand nous quitterons cet
endroit,
Il cherche un pâtour pour ses brebis
nombreuses
Et te prendra à son service. Et moi,
heureuse,
Je t’accompagnerai quand tu viendras
ici. »
Le jeune homme alla voir le roi, et
celui-ci,
Comme un de ses bergers partit la
matinée,
Pour voir ce qu’il vaut, le gagea pour
la journée.
Il mena ses brebis que la faim torturait
Au même endroit où sa belle jument
pâturait,
Et quand elle le vit elle hennissait,
joyeuse,
En agitant de haut en bas sa queue
soyeuse.
Le prince ramena ses brebis aussi le
soir,
Elles devinrent en quelques jours fort
charmantes à voir
Et bien repues, tandis que celles de ses
confrères
Etaient laides et maigres comme des moines
austères.
« Ah ! dit le roi content, j’aimerais
bien manger
Une des belles brebis de cet excellent
berger. »
Et les autres pâtours pâlirent de
jalousie
Et sourirent au jeune prince avec
hypocrisie
En songeant à perdre leur redoutable
ennemi.
Une nuit qu’il était seul, le prince se
mit
A regarder son beau ruban dans les étables
Qu’il emplissait de mille éclairs
redoutables.
Or, le roi défendit à ses bergers
prudents
De les éclairer. Pour dénoncer l’impudent,
Au lieu de lui dire d’éteindre sa
chandelle,
Ils dirent à leur roi : « Le
nouveau n’est point fidèle
A votre arrêt, car il allume, en ce
moment,
De la chandelle pour lui et pour sa
jument,
Et nous l’avons vu aux étables
descendre. »
Etant véhément et n’aimant point
attendre,
Le roi vint voir. Mais quand il entendit
un bruit,
Le pâtour cacha vite le ruban qui reluit.
Le roi, ne voyant pas de coupable
lumière,
Se courrouça contre eux d’une rude
manière,
Et les traita tous de faquins et de
menteurs.
Les pâtours se dirent : « Pour
perdre ce vanteur,
Nous allons dire au roi que, plein d’effronterie,
De ravir la Belle aux clés d’or à sa
patrie
Il avait affirmé posséder le pouvoir. »
Au roi crédule ces malins le firent
savoir,
Il fit le prince et lui dit : « Tu
te vantes
De pouvoir ramener ici sans épouvante
La Belle aux clés d’or. Si tu dis la
vérité,
Amène-la-moi, ou je serai irrité. »
« Je n’en ai point parlé ! S’écria
le jeune homme,
Et vous jure que j’ignore qui est cette
dame. »
« Peu m’en chaut ! Dit le roi,
amène-la ou tu meurs. »
Le berger se rendit, les yeux emplis de
pleurs,
A la pâture où sa monture superbe,
Comme d’habitude, mangeait un peu d’herbe.
Affligé, elle lui en demanda la raison.
« Demeurer ici, ma chère, n’est
plus de saison,
Lui répondit-il. Il faut qu’au roi j’apporte
La Belle aux clés d’or. Son humeur est
peu accorte,
Et il m’a promis que si je n’y parviens
pas
Tout ce qui m’attend est un injuste
trépas. »
« N’est-ce que cela, dit la jument,
qui t’attriste ?
Dis au roi qu’il te faut un vaisseau
robuste,
Qui brille comme le soleil. Ensuite, tu
iras
Avec quelques hommes preux que tu
choisiras
Vers l’ouest-nord-ouest. Dans dix jours
et dix heures
Tu arriveras au château où demeure
La Belle aux clés d’or, par quatre
géants porté.
Invite la princesse, en lui parlant sans
fierté,
A monter à bord de ton vaisseau, et l’emmène
A ce roi qui l’attend, sur les flots
amènes. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
jeudi 1 janvier 2015
Conte: La Belle aux clés d'or (Partie III)
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