lundi 17 février 2014

Histoire de l'Envieux et de l'Envié (partie III)

Histoire de l'envieux et de l'envié (partie III)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
De revoir leur chef les derviches étaient contents
Et ils furent étonnés de l’entendre contant
La trahison de l’hôte, âme sinistre et mauvaise.
Quand dans sa cellule il fut plus à son aise,
Il vit le chat noir dont il avait ouï parler
Qui vint frotter contre lui son dos et miauler.
Il lui arracha sept brins de poils de la queue,
Remède bien précieux et infaillible que
Le derviche cacha dans sa cellule avec soin
Pour qu’il s’en servît quand il en aurait besoin.
Le Sultan vint, le jour suivant, n’ayant de cesse
De vouloir guérir la malheureuse princesse,
Au couvent du derviche avec ses officiers.
Le bon homme n’oublia pas de le remercier
D’être venu, en le recevant dans son domaine.
« Sheikh, lui dit-il, savez-vous ce qui m’amène ?
La princesse est souffrante et j’aimerais la guérir.
S’il lui arrive malheur, je pourrais en mourir,
Et plus que la lumière de mes yeux elle m’est chère. »
« Mon seigneur, répondit le derviche, j’espère
Que grâce à Dieu et mes prières elle guérira.
Je connais un moyen qui la soulagera ;
A son mal il n’y a qu’un unique remède,
Elle n’est point malade mais un djinn la possède,
C’est ce que m’ont dit à son sujet les esprits. »
Le Sultan, transporté de joie et fort surpris
Et réconforté par ces étranges présages,
Fit venir sa fille. Un voile couvrait son visage,
Une suite de femmes et d’eunuques l’accompagnait,
On avait pris soin de lui lier les poignets
Pour qu’elle ne se fît nul mal. Sur sa tête frêle,
Le chef des derviches fit tenir un poêle,
Et quand il eut posé, par l’encens parfumés,
Les sept brins de poils sur les charbons allumés,
On entendit un grand cri, et tout de suite
Le génie Maimoun, fils de Dimdim, prit la fuite.
D’un geste délicat, la princesse porta
La main à son voile qu’aussitôt elle ôta
En s’écriant : « Où suis-je ? Et qui m’a amenée
Dans cet endroit où j’ai été abandonnée ? »
A ces paroles le Sultan son père, joyeux,
Embrassa sa fille et la baisa aux yeux.
Il dit au derviche : « Je vous fais mon gendre,
Ma fille est à vous si vous daignez la prendre
Pour femme, et je crois qu’elle ne peut que vous choisir. »
Quand mourut, en peu de temps, le premier vizir,
Le Sultan nomma le derviche à sa place,
Etant lui-même mort sans enfant mâle de sa race
Pour le remplacer, d’un commun consentement
On nomma le derviche Sultan augustement. »

Le jour qui paraissait fit taire la conteuse
Et le roi Schahriar, l’âme devenue songeuse,
Dit : « L’envié mérite sa couronne, et l’envieux
Ne mérite, lui, qu’un prompt châtiment de Dieu.
J’espère qu’il mourra d’amertume et de rage
Car il est traître et lâche et n’a aucun courage. »
Et le roi se leva, impatient de savoir
La suite de ce récit, et aussi de revoir
La princesse Scheherazade, aussi belle que savante,
Et d’écouter sa douce voix la nuit suivante. 

  [A SUIVRE]
 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène    

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