samedi 15 février 2014

Histoire de l'Envieux et de l'Envié (Partie I)

Histoire de l'envieux et de l'envié (partie I)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Scheherazade dit : « Mon seigneur, des vices humains
L’envie est le plus sombre et aussi le plus vain
Car nous sommes éphémères et tous misérables.
Il y avait, dans une ville considérable,
Deux voisins, et l’un d’eux jalousait violemment
L’autre, au point qu’il quitta, un jour, soudainement,
Sa demeure qu’il vendit, loin de son ménage
Fuyant de son ennemi l’incommode voisinage
Car malgré ses bontés il en était haï.
Se retirant à la capitale du pays,
Il acheta une maison dont la cour était grande,
Le propriétaire lui fit volontiers l’offrande
D’une vieille citerne qu’on n’utilisait plus
Et qui était dans un rustique jardin qui plut
A l’envié, dont la paix lui semblait assurée,
A l’abri de l’envieux, d’une vie retirée
Jouissant enfin dans son solitaire foyer.
A la méditation il voulut s’employer
Et ne point vivre dans l’oisiveté des riches,
Et prit, pour ce faire, l’habit de derviche.
Sa demeure s’emplit bientôt de ses pareils
Et il devint fameux, et comme le soleil
Dans toutes les villes proches répandit sa lumière.
On venait de bien loin pour ouïr ses prières,
Il était honoré et il était chéri.

Son ennemi n’était point encore guéri
De son envie, et ces nouvelles lui déplurent
Tellement, qu’il quitta sa maison à toute allure
Et abandonna ses affaires, sombre et violent,
Afin d’aller perdre son voisin insolent
Qui le reçut avec beaucoup de bienveillance
Et qui l’embrassa en lui faisant confiance.
L’envieux lui dit : « Jusqu’à vous je suis arrivé
Pour être pardonné, et je veux en privé
Vous entretenir d’une importante affaire. »
Ce fallacieux discours ne manqua point de plaire
Au bon homme, qui en l’entendant ordonna
A ses derviches que son commandement étonna
De se retirer sans tarder de leurs cellules.
A son ancien voisin il dit ensuite, crédule :
« Allons nous promener, je vous prie, dans la cour. »
Voyant que nul ne peut venir à son secours,
Pour l’occuper il lui dit des balivernes
Et, quand ils se trouvèrent au bord de la citerne,
Le poussa violemment et le jeta dedans,
Et les ténèbres et la solitude l’aidant,
S’en alla promptement, content de son ouvrage,
En pensant qu’il avait assouvi sa rage
Et que l’objet de sa jalousie était mort.
Mais, comme vous allez le voir, il se trompait fort. »

  [A SUIVRE]
 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène     

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