lundi 12 décembre 2016

Un naufrage

un naufrage

Pierre-Émile Berthélemy, Après la tempête (1859)

Le vaisseau brisé par la mer sauvage,
Les voiles déchirées, les mâts cassés,
Vêtu de haillons, sommeille, lassé,
Comme un pauvre hère sur le rivage.

Il n’est plus qu’un débris hideux, immense !
Loin du doux port il s’est aventuré
Et l’orage bourreau l’a torturé !
Fouetté par les flots sans clémence,

Flagellé par la houle qui gronde,
Ecartelé enfin par les écueils,
Il a fait porter des habits de deuil
A cent veuves maudissant les ondes !

La tempête fut tellement violente
Que tout périt ; pâles et sans linceuls,
Loin de leur fils et de leurs femmes, seuls,
Des marins aux poitrines sanglantes

Sont jetés sur la paisible grève,
Pareils à de nauséabonds déchets,
Viande ensanglantée pendue au crochet,
Et tout cela pourrit lentement et rêve.

Seul un chien a survécu ; il hurle
Et triste, renifle son maître mort,
Il va périr, peut-être, loin du port,
Bercé par l’océan qui déferle. 


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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