mercredi 14 décembre 2016

La Peste d'Elliant

La peste d'elliant

Louis-Jean-Noël Duveau,  La Peste d'Elliant (1849)

Une pauvre mère que la douleur arrête
Se repose parfois, hagarde, pour pleurer
Ses fils nauséabonds et pourtant adorés,
Neuf fardeaux bien-aimés au fond de sa charrette.

La Peste a ravagé toute l’Armorique 
Et comme une tempête immense elle a ployé
Des femmes, des enfants et des vieillards noyés
Dans une mer profonde et cadavérique,

Ils ont été coupés comme de frêles roses
Qu’embrase lentement un grand soleil ardent,
Ils ont perdus leurs yeux, leurs cheveux et leurs dents,
Rongés par leur sombre mal et par les nécroses !

Le cimetière est plein et semble crier : « Grâce ! »,
Rempli de cadavres pestilents jusqu’aux murs,
L’église est puante, tout est sale et impur,
Et le canton est plein de vermine et de crasse !

La mère a les pieds nus ainsi que la gorge,
Couverte de haillons et le cœur plein de fiel,
Elle contemple avec fureur le morne ciel,
Et ses yeux sont rouges comme un feu de forge,

Le père, qui la suit, siffle, lui, et fredonne
Un air joyeux des champs, car il perd la raison ;
Il croit que ses enfants reviennent à la maison,
Promet de les punir, ensuite leur pardonne.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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