jeudi 24 novembre 2016

La mort de Priam

La mort de priam

Jules Lefebvre, La mort de Priam (1861)

Priam, vieillard auguste à la barbe blanche,
Faible comme un oiseau tombé de sa branche,
Les ailes brisées par les houles de l’hiver,
En vain implore Zeus et mille dieux divers.

Son roi allant mourir, toute Troie est morte.
L’ennemi achéen est entré par la porte
Comme un hôte, et toute la capitale blême
Frémit des coups d’Ulysse et de Néoptolème.
Troie s’embrase soudain, comme un radieux flambeau !
Un soleil s’y lève, sinistre et pourtant beau,
Elle s’emplit de sang et s’emplit de cendres ;
On n’a point écouté Laocoon et Cassandre !
Tout s’enflamme plus vite, enivré par l’alcool,
La ville chancelle et on lui coupe le col,
Réveillée tout à coup de son sommeil sombre
Par les coups des épées qui reluisent dans l’ombre !
Dans l’épaisse fumée qui vole des remparts
Les Troyennes cherchent leurs fils, de toutes parts
On entend de grands cris ainsi que des prières
Aux dieux et à l’ennemi ; les dagues meurtrières
Et les longues épées font un carnage inouï
Tout court dans le linceul énorme de la nuit !

Le vieux Priam, vaincu et sentant sa fin proche,
A Néoptolème vainqueur, cœur de roche,
Dit : « Le roi est toujours l’ennemi le plus haï ;
Tue-moi autant de fois que mon pauvre pays. »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: