mercredi 23 novembre 2016

Les âmes mortes

LEs âmes mortes

Peter Nicolaï Arbo, Les Âmes des Morts (1867)

Comme des flots puissants, les yeux pleins de flammes,
Les âmes nombreuses des trépassés maudits,
Echevelés et nus, hommes, vieillards et femmes,
Déferlent contre les portes du Paradis.

Ils ne le savent pas, mais elles sont bien closes,
Et ils s’y briseront comme sur un écueil,
Et elles sont fermées comme de pâles roses
Qu’abhorre le soleil, dormant dans leurs cercueils.  

A pied, volant sur des destriers squelettiques,
Se jetant des pierres, rêvant et s’insultant,
Courant sur les nuées, ces morts acrobatiques
Continuent à errer, courroucés et haletants !

Les frères maudissent les frères, les mères
Maudissent leurs enfants, et les maîtres leurs chiens,
D’un sinistre océan écumes amères,
Souillées par mille boues, misérables vauriens !

Ils tomberont bientôt dans le précipice
Qu’ils ne voient pas, pareils à des neiges d’hiver,
Et courront encore, car tel est leur supplice,
Loin d’autres paradis, dans d’autres univers.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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