mercredi 16 novembre 2016

Complainte d'une jeune fille

complainte d'une jeune fille

Ary Scheffer, La plainte de la jeune fille (1827)

En contemplant les flots flagellant les rochers,
Sa tristesse obscure l’empêchant de marcher,
Une jeune fille, assise sur le rivage,
Gémit d’une façon monotone et sauvage.

Les pieds et la gorge nus, de l’hiver tremblant,
Vêtue d’une robe blanche ou d’un linceul blanc,
Elle épouse le vent et attend ses caresses
Et rêve avec douleur et avec paresse !
Il vient et il s’en va, son bel amant brutal,
Le pays de l’amour est son pays natal,
Et sa pauvre amante, rêveuse et livide,
Sent que le monde, empli de lui, devient vide,
Quand il va caresser les grèves et les fleurs !
Ses beaux yeux virginaux sont emplis de grands pleurs,
Et son cœur est une coupe qui déborde,
Elle laisse mourir sa jeunesse hagarde
Devant ces flots grondeurs, profonds et gémissants,
Le sein brûlant, emplie d’un feu sombre et puissant
Et qui la ronge avec fougue et persévérance
Et se repaît de ses sublimes souffrances !
Mais elle reviendra, le lendemain, s’asseoir
Et embrasser le vent, comme tous les soirs.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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