samedi 8 octobre 2016

Un sacrifice

un sacrifice

Francisco de Goya, Capricho n.º 14: Que sacrificio! (1797–1798)

La Pauvreté est un minotaure d’auberge
Qui dans le dédale des chaumières rugit,
Pour apaiser enfin ce monstre qui mugit,
La famille en haillons lui offre sa vierge ;

Le mari est bossu, mais riche ! on lui donne
La frêle et blanche main d’une beauté en pleurs
Et dont la jeunesse est coupée comme une fleur
Que le ciel de l’hiver, sombre et soudain, étonne !

Le père est content, lui ; tout comme la mère !
La marraine cache ses larmes et ses soupirs,
Le bossu fait le beau, sa joie le fait glapir. 
L’amour, quand on est pauvre, est une chimère !

Cette jeune fille, pourtant, aime et souffre !
Mais l’amour est vaincu et le lucre est vainqueur !
Rien ne peut consoler, désormais, son grand cœur, 
Et le monde est pour elle un immense gouffre !

Ô pauvre jeunesse, sacrifiée et martyre !
Misérable beauté foulée aux pieds, hélas ! 
Doux cœur qu’on prostitue, qui gémit, triste et las,
Belle nymphe vendue à un hideux satyre !

Sa marraine lui a dit : ne sois pas rebelle,
Tu le feras cocu ! mais elle restera 
Fidèle à son époux, et le détestera,
Parce qu’elle est aussi pure qu’elle est belle !

Et elle songera souvent, de tout lassée,
Victime qui gémit, que ronge le remords,
A ce qu’elle a perdu, aux printemps qui sont morts,
Aux hivers éternels, aux amours trépassées !


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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