dimanche 9 octobre 2016

La courtisane et sa mère

la courtisane et sa mère

Francisco de Goya, Capricho n.º 16: Dios la perdone. Y era su madre (« Que Dieu lui pardonne : c’était sa mère ») (1797-1798)

La courtisane, son éventail à la main, 
Dans sa vanité croit régner sur les humains,
Fière de sa chevelure et de sa robe noire
Et de son impureté faisant une gloire,
A volé de Cadix à Madrid au Prado,
Emportée par le vent comme un frêle radeau 
Que la tempête agite et tourmente sans cesse.
Après maintes aventures, après maintes bassesses,
Après maintes années loin du Cadix natal, 
Abandonnant sœurs et parents au sort fatal,
La voilà au Prado qui fait sa précieuse,
Aussi fière qu’un paon et toute radieuse.

Une pauvre femme, couverte de haillons,
Vient soudain s’abriter sous son riche rayon,
Assaillie par le froid, courbée et tremblante.
Elle lui demande l’aumône, cette allante,
Et toutes les deux ne se reconnaissent pas.
Comme si elle avait vu l’Ange du trépas,
Elle se recule, et lui lance, fougueuse : 
« Va-t’en chercher fortune ailleurs, infâme gueuse !
Personne ne m’a fait, à moi, la charité. »
Et détourne ses yeux avec sévérité 
De cette mendiante chenue et amère.
Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle est sa mère.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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