mardi 11 octobre 2016

Les squelettes et la tombe

les squelettes et la tombe

Francisco de Goya, Capricho n.º 59: Y aun no se van! (« Et encore ils ne s’en vont pas! ») (1797-1798)

Tandis qu’avec un bruit de tempête
La pierre tombale choit sur leurs têtes
Et les écrase comme de vils vers,
Comiques Atlas portant des univers,
Les squelettes, pour vivre, s’évertuent
A faire tomber ce faix qui les tue,
Plus pesant que la montagne altière,
Et veulent braver la Mort meurtrière
Qui raille leurs ridicules efforts !
Ils l’ignorent, mais ils sont déjà morts ;
Malédiction éternelle et antique !
Fantômes décharnés et rachitiques,
Ils luttent toujours, ces vains malheureux !
La fatale pierre tombera sur eux
Et elle les couvre déjà de son ombre
Ainsi que toutes les choses sans nombre
Qui errent ici-bas, bravant le destin !
Table, elle sera ornée du festin
De leurs os broyés et leurs membres frêles !

Cette pierre, nous marchons tous sous elle.
Elle s’appesantit lentement sur nous,
Tandis que nous attendons à genoux
Qu’elle nous écrase et nous mutile
En luttant avec des gestes futiles
Contre ce sinistre fardeau des cieux
Qui nous cache le soleil radieux.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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