mercredi 26 octobre 2016

La fureur de Médée

la fureur de médée

Eugène Delacroix, Médée ou Médée furieuse (1836-1838)

Médée, abandonnée et le cœur plein de rage,
Se souvenant comme d’un ténébreux outrage
Du nom de son Jason, une dague à la main,
Prête à tuer ses fils, prémices d’êtres humains,
Contemple le rivage avec des yeux sombres
Croyant voir le spectre de l’Argo, dans une ombre,
Quittant éternellement la Colchide qui dort
Avec Jason et la radieuse Toison d’or.
Tandis qu’elle maudit la volage monère,
La mer qui la porte et les dieux imaginaires,
Elle égorge ce qui reste de son amant :
Ses fils ! dont elle perce les petits cœurs charmants
Qui battent faiblement, comme de jeunes ailes !
Enivrée par son crime, elle frappe avec zèle ;
Les deux petits, avant leur horrible trépas,
La regardent doucement et ne comprennent pas, 
Et semblent lui dire : « Nous dormons soudain, mère. »
Les yeux radieux comme ceux de la chimère,
Elle frappe encore à en perdre la raison
Par le forfait châtiant la noire trahison .

Répudiée, elle, la puissante magicienne,
Elle qui asservit les forces anciennes,
Dont le nom illustre fait trembler les enfers !
La royale Médée comme une esclave aux fers
Traitée par son bourreau, son amant, son maître !
Ses mains, souillées du sang de ces débuts d’êtres,
Tremblent, et on voit dans ses yeux noirs comme la nuit
Quelque chose de vague et d’étrange qui luit.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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