jeudi 29 septembre 2016

La Maison de fous

la maison de fous

Francisco de Goya, La Maison des fous (1812-1819)

Dans une cave obscure et profonde
Où le soleil apeuré n’entre pas,
On entend la sombre Folie qui gronde
Et qui raille la vie et le trépas ;

Des aliénés, laissés dans cette geôle,
Prisonniers dont les esprits sont les fers,
Parés de leurs sinistres auréoles,
S’amusent dans leur éternel enfer :

L’un porte des plumes, l’autre une tiare,
Un autre une tricorne ; l’un combat,
L’autre prie, un autre dort ou s’effare,
Guettant quelque chose qui vient d’en bas,

Et ces damnés, effrayants et grotesques,
Privés d’air frais comme de la raison,
Hantés de mille visions cauchemardesques,
Errent dans leur éternelle maison !

Ils ne reverront plus la douce aurore
Blanchir le ciel, enneiger les sommets !
Et la nuit, ils erreront encore,
Forçats de l’ombre, maudits à jamais !

Et pourtant, ces captifs nous ressemblent,
Rêveurs armés des lyres ou des compas,
Et qui d’un mot ou d’une onde tremblent,
Las de tout ce qui existe ici-bas ! 


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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