CONTE: LA FÉE amoureuse
Quand les bêtes
parlaient et les pierres marchaient,
Il y avait une
fée que les ombres cachaient
Compatissante,
bonne et douce aux malheureux
A qui elle
faisait des présents valeureux.
La fée, issue d’une
famille très ancienne,
Etait aussi une
puissante magicienne.
Mais pour ne
point perdre son prodigieux pouvoir,
Elle devait
faire son éternel devoir
De ne jamais
quitter que trois jours sa grotte.
Un matin elle
vit, avec ses chevrettes
Et ses petits
moutons, un jeune et beau berger
Tout joyeux et
que rien ne semblait affliger,
Qui l’enchanta
avec sa zampugna, et elle
En tomba
amoureuse et ne fut point rebelle.
La fée lui demanda : «
Mon beau berger, dis-moi
Es-tu heureux ? »
« Mon cœur rustique est sans émois,
Répondit le
berger, et ces créatures
Me suffisent,
belle dame, et la nature. »
« Ne
désires-tu rien ? » « Non » « Mon berger joyeux,
J’aimerais
savoir si je suis belle à tes yeux. »
« La plus
belle femme que j’ai vue, madame,
C’est vous. »
« Dis-moi alors, berger de mon âme,
Voudrais-tu m’épouser ? »
« J’en serais honoré. »
« Mets alors à
ton doigt, mon berger adoré,
Cet anneau, et
soyons mariés cet instant même. »
Le berger
accepta ; ô prodige suprême !
Au lieu de ses
haillons, le voilà vêtu
Aussi bien qu’un
prince. « Mon beau berger, es-tu
Content ?
lui demanda la fée. Ma demeure
Est loin d’ici,
à des jours, des mois, des heures.
Sur ce grand
char tiré par trois chevaux ailés,
Montons rapidement. »
« Mon cœur est bien zélé
Pour vous obéir,
mais il me faut voir ma mère
Qui de me voir
partir sera bien amère. »
« Va et
embrasse-la, mais sans tarder longtemps.
Je t’attendrai
trois jours. Ce char au ciel montant
Te conduira
jusqu’au palais où ta reine
Fera de toi son
roi. » Et la fée, sereine,
Embrassa le
berger et vola dans les airs.
En route, belle
dame aux yeux et cheveux clairs,
Le berger
rencontra une reine radieuse
Qui lui dit :
« Beau berger, ta figure joyeuse
Me plaît
beaucoup. Veux-tu devenir mon époux ? »
Le berger
réfléchit. Son visage était doux,
Mais elle était beaucoup
moins belle que la fée
De le revoir
après son voyage assoiffée.
« Qu’importe !
pensa-t-il ; ne serai-je pas roi ? »
Et il répondit à
la reine sans effroi :
« Je
consens à être votre époux, madame. »
Aussitôt, pour
châtier le parjure infâme,
Le char et les
chevaux disparurent ; il devint
Le plus laid des
hommes, pleurant, criant en vain.
Tout à coup la
terre trembla, formidable,
Des éclairs reluisirent
aux nues, effroyables,
Aux pieds des
deux parjures un grand gouffre s’ouvrit
Et il les
engloutit et dans son sein les prit.
Nul ne put les
revoir après cet orage ;
La fée s’était
vengée de son berger volage.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
mercredi 20 juillet 2016
Conte: La fée amoureuse
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: