mercredi 20 juillet 2016

Conte: La fée amoureuse

CONTE: LA FÉE amoureuse

Quand les bêtes parlaient et les pierres marchaient,
Il y avait une fée que les ombres cachaient
Compatissante, bonne et douce aux malheureux
A qui elle faisait des présents valeureux.
La fée, issue d’une famille très ancienne,
Etait aussi une puissante magicienne.
Mais pour ne point perdre son prodigieux pouvoir,
Elle devait faire son éternel devoir
De ne jamais quitter que trois jours sa grotte.
Un matin elle vit, avec ses chevrettes
Et ses petits moutons, un jeune et beau berger
Tout joyeux et que rien ne semblait affliger,
Qui l’enchanta avec sa zampugna, et elle
En tomba amoureuse et ne fut point rebelle.
La fée lui demanda : « Mon beau berger, dis-moi
Es-tu heureux ? » « Mon cœur rustique est sans émois,
Répondit le berger, et ces créatures
Me suffisent, belle dame, et la nature. »
« Ne désires-tu rien ? » « Non » « Mon berger joyeux,
J’aimerais savoir si je suis belle à tes yeux. »
« La plus belle femme que j’ai vue, madame,
C’est vous. » « Dis-moi alors, berger de mon âme,
Voudrais-tu m’épouser ? » « J’en serais honoré. »
« Mets alors à ton doigt, mon berger adoré,
Cet anneau, et soyons mariés cet instant même. »
Le berger accepta ; ô prodige suprême !
Au lieu de ses haillons, le voilà vêtu
Aussi bien qu’un prince. « Mon beau berger, es-tu
Content ? lui demanda la fée. Ma demeure
Est loin d’ici, à des jours, des mois, des heures.
Sur ce grand char tiré par trois chevaux ailés,
Montons rapidement. » « Mon cœur est bien zélé
Pour vous obéir, mais il me faut voir ma mère
Qui de me voir partir sera bien amère. »
« Va et embrasse-la, mais sans tarder longtemps.
Je t’attendrai trois jours. Ce char au ciel montant
Te conduira jusqu’au palais où ta reine
Fera de toi son roi. » Et la fée, sereine,
Embrassa le berger et vola dans les airs.
En route, belle dame aux yeux et cheveux clairs,
Le berger rencontra une reine radieuse
Qui lui dit : « Beau berger, ta figure joyeuse
Me plaît beaucoup. Veux-tu devenir mon époux ? »
Le berger réfléchit. Son visage était doux,
Mais elle était beaucoup moins belle que la fée
De le revoir après son voyage assoiffée.
« Qu’importe ! pensa-t-il ; ne serai-je pas roi ? »
Et il répondit à la reine sans effroi :
« Je consens à être votre époux, madame. »
Aussitôt, pour châtier le parjure infâme,
Le char et les chevaux disparurent ; il devint
Le plus laid des hommes, pleurant, criant en vain.
Tout à coup la terre trembla, formidable,
Des éclairs reluisirent aux nues, effroyables,
Aux pieds des deux parjures un grand gouffre s’ouvrit
Et il les engloutit et dans son sein les prit.
Nul ne put les revoir après cet orage ;
La fée s’était vengée de son berger volage.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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