lundi 18 juillet 2016

Conte: La fée du Rizzanese

CONTE: la fée du rizzanese

Il y a longtemps, vivait au-dessous de Tolone
La plus belle des fées, et aussi la plus bonne.
Cette fée, radieuse comme le radieux jour,
Vivait au Rizzanese, et avait pour séjour,
Bien cachée aux humains, une grotte profonde,
En sortant pour laver son linge dans l’onde.
Le bruit courait que pour devenir son époux
Il fallait la saisir par ses blonds cheveux doux.
Un jour, elle voulut faire sa lessive.
Alors qu’elle lavait son linge sur la rive,
Et qu’elle finissait de le tendre au soleil,
Un des Poli passa. Voyant ce front vermeil
Le lourdaud se dit : « Ah, si je pouvais la prendre !
Elle serait à moi ! » et sans se faire entendre,
Le voilà qui va vers elle fort doucement.
La saisissant par un violent enlacement,
Il cria, tout à coup : « Tu es à moi, la fée !
Mon âme de t’avoir était bien assoiffée.
Tu m’appartiens, maintenant ! » « De grâce, laisse-moi,
Gémit la fée au cœur empli de mille émois,
Renonce à moi, et tu seras aussi riche
Que les rois. » « Non, la fée ! Allons, point de triche !
Tu deviendras ma femme, et c’est ce que je veux,
Car c’est moi qui t’ai prise ici par les cheveux. »
« Oui, je t’obéirai. Mais garde en mémoire
Ceci : dans le jour clair comme dans la nuit noire
Tu ne dois pas voir mon épaule nue, jamais.
Je quitterai avec toi cet endroit que j’aimais. »
Poli emmena sa fée à Olmiccia ; les fêtes
Célébrant sa victoire et aussi sa défaite
Bruyantes et joyeuses, durèrent bien longtemps.
La fée était aussi triste que lui content,
Elle mangeait très peu, et aucun sourire
Ne reluisait dans ses yeux durs à décrire,
Et quand elle sortait elle baissait le front
Par opposition à son époux fanfaron.
Elle eut pourtant trois fils et trois charmantes filles
Qu’elle aimait plus que tout, sa seule famille.
Or, une nuit, Poli lui dit : « Pourquoi, mon cœur,
De voir ton épaule nue priver ton vainqueur ?
Entre époux, c’est une chose qui est permise !
La pudeur t’empêche donc d’ôter ta chemise ? 
Laisse-moi contempler cette partie de toi. »
« Veux-tu que je sois morte ou quitte ton toit ?
De grâce, oublie cela. » Le mari insista,
Et toute cette nuit-là la fée résista.
Mais Poli, entêté, ne voulait rien entendre.
Alors que sa femme dormait d’un sommeil tendre,
Il découvrit soudain son épaule et la vit.
« Ah ! pourquoi l’as-tu fait ? Tout nous sera ravi !
Malheureux que tu es ! Je vais disparaître
Et tu ne me trouveras jamais ! » « Je suis un traître !
Pardonne-moi, grâce ! s’écria le mari.
Te perdre me rendrait malheureux et marri ! »
« Je dois disparaître. Mais de ta famille
Veux-tu garder les trois garçons ou les trois filles ? »
« Les trois garçons ! » « Prends-les, mais sache qu’il n’y aura
Dans ta race que trois chefs, et que tu perdras
Toujours le quatrième enfant qui va naître. »
Et la fée s’envola bientôt par la fenêtre.
Poli, désespéré, chercha à la revoir
Et au Rizzanese revint matin et soir,
Mais ne revit ni ses filles ni sa femme.
Il n’y eut plus que trois chefs dans les Poli ; les dames
Et les vieillards content que la fée s’en alla
A Sardaigne, et que nul ne la trouverait, hélas.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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