CONTE: L'ÂNE AUX SEQUINS D'OR (PARTIE VIi)
VII. Ce que fit Farinello quand il revint à son
village, et ce que son compère fit à sa mère
Avec l’âne aux écus, le héros retournait
Au village où sa mère encore séjournait.
Elle l’attendait. « Ah ! s’écria-t-il,
ma mère !
Soyez contente, vous ne serez plus amère !
Nous aurons désormais un immense palais,
Une voiture, des servantes et des
valets. »
« Pauvre Farinello ! Je crois
que tu t’abuses,
Répondit la mère, ou de moi tu t’amuses.
Tu portes des haillons et tu es amaigri !
Contre ta vieille mère es-tu, mon fils,
aigri ?
Mon cœur de te laisser partir toi et tes
frères
Etait attristé par ma bouche téméraire. »
« Ma mère, votre cœur sera bientôt
ravi,
Repartit le fils, et vous changerez d’avis. »
Et il retira le bouchon, et dans l’ombre
La mère vit tomber des pièces en grand
nombre.
« Chut, chut, malheureux ! Cet
or fait beaucoup de bruit,
Dit la mère, et tout le monde en sera
instruit !
Vite, mon fils, fermons la porte et les
fenêtres,
Car nul ne doit savoir que tu es le
maître
De cet âne enchanté, ou un maudit voleur
De notre joie fera un éternel malheur. »
Farinello, un an après, fit construire
Un beau palais que de loin on voyait
luire,
Et tous étaient jaloux de son bonheur
soudain
Et de voir son palais s’élever avec
dédain.
Mais son cœur était plein d’une sombre
amertume.
« Mère, dit-il un jour, l’ennui me
consume
Et j’ignore le sort de mes frères chéris
Et s’ils vivent toujours ou s’ils
avaient péri.
Mais ils n’ont point trouvé fortune sans
doute,
Je dois pour les chercher me remettre en
route
Et les faire vivre avec nous, riches et
bienheureux. »
« Pars à leur recherche ; va,
mon fils généreux,
Puissent tes jours être éternellement
prospères. »
La vieille femme avait toutefois un
compère ;
Farinello parti, il vint à la maison.
« Commère, expliquez-moi la raison
De votre richesse qui éblouit le
village,
Demanda-t-il à la mère blanchie par l’âge,
Je dois vous avouer que nul n’y comprend
rien. »
« Sachez, compère, que je vous le
dirais bien,
Mais j’ai promis à mon fils de ne point
le faire. »
« Dites-moi ce secret, je saurai le
taire,
Et je serai aussi muet que le tombeau. »
« Je vous crois, mon ami. Il est
étrange et beau :
Pour vous satisfaire, sachez que notre
manne
Vient, pour ne rien vous cacher, d’un
âne
Qui au lieu de faire du crottin fait de
l’or. »
« Dieu ! si ce n’était pas
vous, je dirais alors
Que ce que vous contez est un clair
mensonge. »
« C’est la vérité et ce n’est point
un songe ;
Venez, la nuit, le voir de vos propres
yeux. »
Lorsque la nuit tomba, le compère joyeux
Vint voir. Mais l’âne, au lieu des
pièces luisantes,
Lui fit des crottins au nez. « Ah !
médisante,
Tu t’es moquée de moi et je vais te châtier ! »
S’écria-t-il avec colère, et sans pitié
Bâtonna sur-le-champ sa vieille commère
En croyant qu’elle lui conta des
chimères.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
mercredi 30 septembre 2015
Conte: L'âne aux sequins d'or (Partie VII)
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