CONTE: L'ÂNE AUX SEQUINS D'OR (PARTIE VIIi)
VIII. Ce qui arriva à la mère de Farinello, et
comment ce dernier retrouva ses deux frères
Tout le pays bientôt sut l’affaire ;
on riait
Et de la raconter maintes fois on priait
Le mauvais compère qui battit sa commère
Et que les villageois Crottin-d’Âne
nommèrent.
Mais pendant qu’on riait, du récit
amusés,
Il y avait là, une fois, un voleur rusé :
« Si l’âne fait une si merveilleuse
chose,
Se dit-il, il faut bien aussi qu’il se
repose,
Car il s’épuiserait à faire chaque jour
De pesants sequins d’or. Comme un roi en
sa cour
Ce Farinello vit, devenu soudain
prospère,
Connaître son secret et m’enrichir j’espère. »
Le malin résolut donc de lui usurper
L’âne enchanté aux beaux écus et s’échapper,
Et il s’introduisit chez sa vieille mère
Qui sans ses fils et son compère était
amère ;
Coquin qui ne tremble point de faire le mal,
Il la tua et prit le précieux animal,
Et avant de partir – que le diable l’emporte !
–
Il écrivit ces mots trompeurs sur la
porte :
« Ne frappez pas, je suis en voyage
» et partit.
Mais bien qu’il se pensât malin et
averti,
Le brigand fut trompé dans sa cupide
attente.
Rien ne sortit de son âne hormis de la
fiente,
Et il se lamentait, étonné et furieux :
« La bête est comme les autres ;
c’est bien curieux !
Pourquoi garder alors cette chose futile ? »
Et il précipita, le croyant inutile,
Dans un gouffre profond l’âne,
découragé.
Farinello, après avoir bien voyagé,
Vit venir son oiseau bleu, resté fidèle,
Preste comme au printemps la blanche
hirondelle.
« Farinello, lui dit-il, voyant ses
émois,
Pour que tu retrouves tes frères
suis-moi. »
L’oiseau bleu le mena à la même caverne
Dont les maudits voleurs firent leur
caserne,
Et qui étaient absents, s’en allant
brigander.
Messires, c’est chose bien dure à
demander
Et que tenter serait sans doute
téméraire,
Que de vous décrire la joie des trois
frères
Qui furent par le sort cruellement punis
Et après tout ce temps furent enfin
réunis.
« Partons, dit le cadet, allons-nous-en
vite !
A venir dans mon grand palais je vous
invite,
Laissez les trésors ici et fuyons loin,
Nous sommes riches et nous n’en avons
point besoin. »
Les deux frères d’abord de ses propos
doutèrent,
Hésitèrent un peu, puis partirent et l’écoutèrent.
Ils frappèrent à la porte et personne ne
vint.
Il frappèrent encore : « Pan !
pan ! pan ! », mais en vain.
« Votre mère est partie, leur dit
la voisine,
En voyage et n’est point ici. » A
la cuisine,
Quand ils enfoncèrent la porte, sort
affreux !
Ils virent leur pauvre mère, les
malheureux !
Par les vers à demi rongée, nauséabonde.
La tristesse des trois frères fut
profonde,
Ils firent de belles funérailles au
manoir
Qu’en signe de leur deuil ils tendirent
en noir.
Ils se vengèrent de l’auteur du crime
infâme
Et bientôt se marièrent avec de belles
femmes
Dont ils eurent des fils bien charmants
et nombreux
Et jusqu’à la fin de leurs jours
vécurent heureux.
[FIN DU CONTE: L’ÂNE AUX SEQUINS D'OR]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
jeudi 1 octobre 2015
Conte: L'âne aux sequins d'or (Partie VIII)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: