CONTE: L'ÂNE AUX SEQUINS D'OR (PARTIE IIi)
III. Ce que Farinello fit de sa carpe, et l’hasardeuse
rencontre qu’il fit malgré lui
La nuit, Farinello trouva dans son
chemin
Une cabane, et il frappa de lasse main :
« Pan ! pan ! » « Entrez »
« Je veux un pain et un gîte,
Je vous en supplie. » « Oui,
mon bonhomme, entrez vite,
Je vais vous préparer à manger. Mais
comment
Voyagez-vous malgré votre sombre
tourment,
Aussi affamé que vous êtes et livide
Et comme je vous vois la besace vide ? »
« Je n’ai qu’un seul poisson, et je
n’ai rien, hélas !
Pour le faire cuire, car je suis seul et
las. »
« Dans ce cas, lui dit son hôte,
pour ce faire,
Voilà un bon et grand feu qui va vous
plaire.
Vous pouvez l’y cuire et prendre un de
ces bons pains
Dont la huche est remplie. N’attendez
point demain. »
Le bon Farinello s’approcha de la
flamme,
Mais un sombre remords lui assaillit l’âme
Et il se dit : « Pauvre
poisson ! Vas-tu périr
Car tu m’as fait confiance, et dans le
feu souffrir ?
Sans même résister tu m’as laissé te
prendre
Et moi je te tuerai atrocement sans
attendre !
Je ne le ferai point, petit poisson
hagard. »
Et jetant au poisson un bienveillant
regard,
Il mangea son pain sec pour seule
nourriture.
Avant qu’il ne reprît sa longue
aventure,
Farinello rendit ce qu’il lui avait pris
A la rivière. La carpe alors lui sourit
Et nagea dans les flots clairs, preste
et contente.
Le voyageur reprit sa route sans attente,
Il aperçut bientôt, au tournant d’un
chemin,
Son charmant oiseau bleu parlant comme
un humain
Qui sautait joyeusement, libéré de ses
chaînes,
Sur la branche épaisse d’un auguste
chêne.
« Bonjour, mon bon oiseau, je te
revois enfin !
Dit Farinello, prends ce pain si tu as
faim. »
« Merci, Farinello, merci, mon bon
maître. »
Farinello laissa l’oiseau bleu se
repaître
Et il continua à marcher. Mais soudain
Il rencontra l’ogre toisant avec dédain
Sa mine lugubre et sa maigreur maladive.
« Engraisse-moi, femme, cette chose
chétive,
Dit-il à l’ogresse dont il était l’époux
Et dont le cœur, comme le tien, n’était
point doux,
Quand il sera bien gros et gras, qu’il
nous régale,
Car la viande humaine est bonne et n’a
point d’égale. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
samedi 19 septembre 2015
Conte: L'âne aux sequins d'or (Partie III)
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