CONTE: marie au fil d'or
Un homme se
maria deux fois. De sa première
Il eut une fille
au front empli de lumière
Qui s’appelait
Marie, et de sa seconde eut
Une fille
méchante et laide, confondu
Par le destin
qui lui fit deux présents contraires.
La charmante
Marie savait, pour se distraire,
Don que sa mère,
fée, lui fit généreusement,
Avant de
disparaître un jour mystérieusement,
Transformer en
fil d’or le lin de sa quenouille.
Sa marâtre, plus
laide aussi qu’une grenouille,
Jalouse de
Marie, car son don l’inquiétait,
Dans tout le
royaume fit croire que c’était
Sa fille qui
savait filer de la sorte.
Le roi vint
lui-même un jour frapper à sa porte,
De cet enfant
voulant contempler le talent.
« Qui est
là ? » « Le roi. De votre fille chaland,
Pour contempler
son don je viens à votre âtre. »
« Entrez,
seigneur le roi. » lui dit la marâtre.
Elle alla
ensuite sa laideron trouver :
« Le roi est
là, dit-elle, il faut lui prouver
Que tu sais bien
filer. Tu ne seras pas lasse,
J’ai recouvert
cette rucca de filasse
Et elle est de
fil d’or chargée. Tu dois tirer
Seulement par ce
bout, et on va t’admirer.
Tu dois éblouir
surtout le roi qui te surveille,
Car il vient
pour te voir faire des merveilles. »
Elle se présenta
devant le roi qui dit :
« On conte
qu’à filer tes doigts sont érudits.
Voyons ce que tu
sais faire. » Mais la laide,
Ne faisant rien
sans que sa mère ne l’aide,
Ne put pas tirer
un petit fil par le bout,
Et ses doigts
tremblaient tant qu’elle embrouilla tout.
La petite Marie,
restée silencieuse,
Voulut lui
montrer. « Va-t’en, petite audacieuse !
Cria la marâtre,
tu ne sais pas filer. »
« Je puis
faire ce fil, dit Marie, rutiler,
Si le roi le
permet. » « Tu n’en sais rien, certes !
Va-t’en ! Ta
punition sera sinon verte. »
Mais le roi la
rappela quand elle allait partir.
« Sais-tu
filer ? » « Non, mon seigneur. Je dois sortir. »
« Qui te l’a
dit ? » « C’est ce que pense ma mère. »
« Et moi je
crois qu’elle conte des chimères.
Prends cette
quenouille et essaye. » Elle la prit,
Et le roi, tout
ébloui, croyait perdre l’esprit
En voyant tirer des
fils d’or la fileuse
Qu’il embrassa,
trouvant la chose fabuleuse.
Mais la marâtre
dit : « Seigneur, elle a rusé,
Je ne souffre
point que le roi soit abusé !
Qu’elle file
cette quenouille, car coupable,
Elle n’en sera
pas cette fois capable.
Sachez que ce
fil d’or par ma fille était fait. »
Et elle lui
donna à filer, vilain faix,
Une quenouille
de radiculacciu. « Peste !
Jura le roi. Vous
lui faites un présent funeste !
Nul ne pourra
filer cela et n’a ce don. »
Mais la douce
Marie dit : « Seigneur roi, pardon,
Moi je sais le
filer, vous pouvez me croire. »
Et devant sa
sombre marâtre imprécatoire
En tournant son
fuseau bientôt elle tira
Des fils d’or,
et le roi étonné l’admira
Et dit à sa
marâtre avec grande colère :
« Mentir à
ton roi ne semble pas te déplaire !
La petite Marie
va bientôt épouser
Mon fils, et
deux fois plus tu vas l’en jalouser,
Car elle
deviendra ton auguste reine. »
« Non,
seigneur, faites de ma fille la souveraine. »
« Ta fille ?
Qu’en ferai-je ? Et son visage est tel
Qu’elle est
aussi laide que le péché mortel !
En dormant cette
nuit as-tu fait ce songe ?
Je vais, pour
ton audace et ton mensonge,
Te châtier, et
tu ne verras plus l’horizon
Quand je te
jetterai dans ma plus sombre prison. »
« Pardon,
sire, grâce ! » S’écria la marâtre.
« Non, je t’emprisonnerai
et te ferai battre. »
Mais la bonne
Marie, en voyant son effroi,
De lui pardonner
supplia tant le roi
Qu’il le fit et
emmena la nouvelle princesse
En maudissant de
sa marâtre la bassesse.
Elle montrait à
tous son bon sourire doux,
Le prince
consentit à être son époux,
Elle tissa de
fil d’or et en fut pourvue
La plus belle
robe de noces qu’on ait vue.
[FIN DU CONTE: MARIE AU FIL D'OR]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
mardi 28 juillet 2015
Conte: Marie au fil d'or
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