mercredi 29 juillet 2015

Conte: L'Ustaria di i figli di u Diauli (L’Auberge des fils du Diable) (Partie I)

CONTE: l'ustaria di i figli di u diauli (partie i)

I. Ce que fit le Diable pour perdre les mortels, et ce qu’une vieille mère dit à son fils aîné de faire

Satan se dit un jour : « Il existe sur terre
Un chemin par où passent, épris des mystères,
Beaucoup de voyageurs, et toujours visité,
C’est le chemin maudit de la Curiosité.
Je veux y établir une sombre auberge
Qui sera la seule qu’on trouve sur sa berge,
Où je vais envoyer, pour perdre les mortels,
Deux de mes nombreux fils pour y tenir hôtel.
Je les rendrai si laids que leurs mines affreuses
Feront dire aux hommes : « Ah ! âmes malheureuses !
Qu’avez-vous fait à Dieu pour être ainsi châtiés ?
Et c’est eux qui seront punis sans pitié. »
Appelant un de ses fils, le ténébreux monarque
D’une affreuse tumeur lui imprima la marque,
Lui écrasa le nez et lui creva un œil,
Et le rendit aussi chauve qu’un arbre en deuil,
Pour qu’il fût le plus laid des êtres et misérable.
Il le fit à l’autre et de sa voix vénérable
Dit à ses fils : « Allez, pour perdre les humains,
Vous établir tous deux dans le maudit chemin
De la Curiosité. Depuis votre repaire
Vous enverrez chaque jour à votre père
Les curieux qui seront par soins captivés
En vous demandant ce qui vous est arrivé,
Et vous ne reviendrez, ajouta le Diable,
Que quand vous trouverez un homme impitoyable
Qui à votre malheur sera indifférent. »
Les fils du Diable, sans attendre s’affairant,
Partirent, de la sorte hideux et difformes,
Envoyant aux enfers une foule énorme
De curieux qui passaient près de leur noir foyer
Et qui osaient sur leur destin s’apitoyer,
Pendant mille ans entiers. Vengeance terrible !
Dès qu’une personne, voyant leur mine horrible,
Leur demandait : « Qu’avez-vous ? » et s’en étonnait,
On l’assommait rudement et on la bâtonnait,
Et elle se faisait bientôt mettre en pièces
Par les démons furieux qui étaient en liesse
Et qui servaient sa chair aux autres voyageurs.

Or, en ce temps et loin des diables ravageurs,
Vivait une vieille femme miséreuse.
Malgré sa pauvreté mère généreuse,
Après avoir vendu toutes ses possessions,
Elle prit quarante-cinq francs qu’avec compassion
Au lieu de les garder pour des jours plus sombres
Et d’en compter chaque soir le précieux nombre,
Elle partit entre ses trois fils. Un matin,
Elle dit à l’aîné : « Va tenter le destin
Et suivre une route à ton âge opportune,
Prends, mon fils, ces quinze francs, pars et fais fortune. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: