vendredi 3 juillet 2015

Conte: La bonne servante (Partie II)

CONTE: LA BONNE SERVANTE (PARTIE Ii)


II. Le deuxième prodige qui sauva Ange, et ce qui arriva au roi en faisant une promenade

Quand le roi rencontra Ange frémissante,
Il lui dit de sa voix auguste et puissante :
« Ton pain est délicieux ; il est fait joliment,
Et moi et la reine te faisons compliment. »
Ange crut que le roi voulait se moquer d’elle
Et elle se mit à pleurer, l’enfant fidèle
Qui, bien qu’il fût méchant, le voulait bien servir.
« Qu’as-tu, Ange ? Par Dieu ! Je viens pour te ravir
Et toi tu pleures ? » « Ah ! sire, je suis partie
Prier à notre église, et je n’en suis sortie... »
« Tu es une brave fille de prier Dieu
Après une journée de travail bien studieux.
Mais que diable ! cesse de pleurer de la sorte. »
Ange s’attendait à une punition verte
Pour ne pas avoir fait, la pauvre ! son devoir,
Et elle s’étonna sur la table de voir
Le pain bien cuit et bien aligné, doux délice
Tout doré et gonflé, fait par un complice
Qui voulait la sauver du courroux royal
Et qui l’aimait sans doute et lui était loyal.
« Qui a fait ce beau pain ? » demanda alors Ange.
On s’étonna d’abord de sa question étrange
Puis ce fut la reine qui répondit : « Allons,
Ne sois pas orgueilleuse, Ange. De ton poêlon
Sache que nous voulons goûter d’autres choses. »
Et Ange baissa sa tête et ses joues roses ;
Elle sut qu’une fille travailla ce jour-là
A sa place, et qui à personne ne parla
Et lui était, à sa surprise, pareille.

Pendant cette journée que Dieu ensoleille,
Le roi, qui se promenait, aperçut dans le val,
Etonné de le voir, un étrange cheval
Qu’il vit tout à coup en ces lieux apparaître
Et errait, semblait-il, sans avoir de maître.
« Ah ! la belle bête ! » se dit-il. Il s’approcha
Pour mieux l’admirer, et de la main le toucha.
Mais l’animal était fougueux et indomptable
Et se rua d’une façon redoutable
En blessant gravement le roi qu’on transporta
Au palais. De son sort bientôt on alerta
Les plus savants médecins, qui alors accoururent
Et en foule aux portes du palais parurent.
On leur promit mille récompenses ; hélas,
Nul ne soigna le roi, gémissant, triste et las
Et qui allait mourir. La bonne fillette
Pria longtemps pour lui et était inquiète :
« Ah ! sauvez-le, Seigneur ! il se repentira,
Disait-elle, et les maux des pauvres sentira.
Pardonnez-lui ses fautes, ô Dieu, pour qu’il retrouve
Toute sa santé, et sa rédemption prouve. »
Quand elle finit sa prière, beau, radieux,
Elle vit apparaître un saint ange de Dieu
Qui lui dit : « Demande du roi les nouvelles,
Et si la guérison lui demeure rebelle
Ce soir-là encore, je te dirai demain
Ce qu’il faut faire pour le guérir de tes mains. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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