Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XL)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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Cette belle que je
voulais remercier à genoux,
Sans qu’elle
perdît de temps, vint aussitôt à nous
Demandant qu’une
tasse pleine d’eau lui fût apportée.
Elle la prit et,
quand elle l’eut enchantée,
La jeta sur moi et
dit : « Si tu es charmé,
Redeviens bientôt
homme sans être alarmé,
Mais si à ce
dessein le Tout-Puissant s’oppose,
Demeure tel que tu
es à ta métamorphose. »
Quand elle acheva ces
mots, je redevins humain ;
Ne me laissant
point le temps d’embrasser ses mains,
Elle s’adressa à
son père et lui dit : « Sire,
De ce noir génie j’ai
certes vaincu l’ire,
Mais c’est une
victoire qui me va coûter cher.
En entendant ceci
vous serez bien amer,
Je n’en dois pas
moins vous dire la vérité, père,
De continuer à
vivre je désespère,
Mes heures sont
comptées, je ne puis que mourir.
Ce sinistre génie
qui nous a fait souffrir
M’a infligé,
hélas, de mortelles blessures,
Et de ses flammes
rien ne peut guérir les morsures,
Ni les vains
remèdes, ni les vains enchantements. »
Le sultan, qui baissait
la tête tristement,
Dit à sa fille
avec une douleur très vive :
« Que donc
ton pauvre père au tombeau te suive !
Tu vas mourir, et
moi je suis encore vivant !
Dieu a voulu que,
de ma fille me privant,
Jusqu’à la fin de
mes tristes jours je demeure
Inconsolable, et
qu’au lieu qu’elle me pleure,
Je la pleure
chaque jour, vieillard de malheur ! »
Il embrassa sa
belle fille, comme lui en pleurs,
Et je versai aussi
des larmes sincères.
Tout à coup la
princesse cria : « Ah ! Mon père !
Je brûle, je brûle !
Adieu, père adoré ! »
Et nous la vîmes,
comme le génie abhorré,
Réduite en
cendres. Son père contemplait ses restes,
Tellement touché d’un
spectacle si funeste,
Qu’il devint muet
et qu’il ne put dire rien.
J’eusse aimé
demeurer toute ma vie singe ou chien
Et ne point voir
périr ainsi ma bienfaitrice
Qui mourut bien qu’elle
fût triomphatrice.
Le sultan son
père, revenu de sa stupeur,
Poussa d’effroyables
cris, grands comme sa douleur,
En se donnant des
coups violents comme des tempêtes
Tantôt sur la
poitrine, tantôt sur la tête,
Et s’évanouit
enfin, faible et désespéré,
Le visage brûlé et
le cœur déchiré.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
mercredi 18 juin 2014
Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XL)
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