mercredi 18 juin 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XL)



Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XL)
 Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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Cette belle que je voulais remercier à genoux,
Sans qu’elle perdît de temps, vint aussitôt à nous
Demandant qu’une tasse pleine d’eau lui fût apportée.
Elle la prit et, quand elle l’eut enchantée,
La jeta sur moi et dit : « Si tu es charmé,
Redeviens bientôt homme sans être alarmé,
Mais si à ce dessein le Tout-Puissant s’oppose,
Demeure tel que tu es à ta métamorphose. »
Quand elle acheva ces mots, je redevins humain ;
Ne me laissant point le temps d’embrasser ses mains,
Elle s’adressa à son père et lui dit : « Sire,
De ce noir génie j’ai certes vaincu l’ire,
Mais c’est une victoire qui me va coûter cher.
En entendant ceci vous serez bien amer,
Je n’en dois pas moins vous dire la vérité, père,
De continuer à vivre je désespère,
Mes heures sont comptées, je ne puis que mourir.
Ce sinistre génie qui nous a fait souffrir
M’a infligé, hélas, de mortelles blessures,
Et de ses flammes rien ne peut guérir les morsures,
Ni les vains remèdes, ni les vains enchantements. »
Le sultan, qui baissait la tête tristement,
Dit à sa fille avec une douleur très vive : 
« Que donc ton pauvre père au tombeau te suive !
Tu vas mourir, et moi je suis encore vivant ! 
Dieu a voulu que, de ma fille me privant,
Jusqu’à la fin de mes tristes jours je demeure
Inconsolable, et qu’au lieu qu’elle me pleure,
Je la pleure chaque jour, vieillard de malheur ! »
Il embrassa sa belle fille, comme lui en pleurs,
Et je versai aussi des larmes sincères.
Tout à coup la princesse cria : « Ah ! Mon père !
Je brûle, je brûle ! Adieu, père adoré ! »
Et nous la vîmes, comme le génie abhorré,
Réduite en cendres. Son père contemplait ses restes,
Tellement touché d’un spectacle si funeste,
Qu’il devint muet et qu’il ne put dire rien.
J’eusse aimé demeurer toute ma vie singe ou chien
Et ne point voir périr ainsi ma bienfaitrice
Qui mourut bien qu’elle fût triomphatrice.
Le sultan son père, revenu de sa stupeur,
Poussa d’effroyables cris, grands comme sa douleur,
En se donnant des coups violents comme des tempêtes
Tantôt sur la poitrine, tantôt sur la tête,
Et s’évanouit enfin, faible et désespéré,
Le visage brûlé et le cœur déchiré.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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