mardi 27 mai 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XXXVI)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XXXVI)
 Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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Le sultan alla, en me souriant doucement,
De la salle d’audience à son appartement.
Avec des signes il me demanda de le suivre
Et j’allai derrière lui à la chambre à vivre.
Il ordonna qu’on lui apportât à manger,
Et ne me considérant point comme un étranger,
Me fit signe d’une manière très affable
De venir avec lui partager sa table.
J’obéis en baisant la terre à ses pieds
Et je mangeai avec lui sans être inquiet
Mais avec modestie et grande retenue.
Il me présenta, l’heure de la boisson venue,
Une liqueur spéciale ; doux mais aussi amers,
J’écrivis au sultan quelques élégiaques vers
Où, en lui exprimant ma reconnaissance,
Je lui décrivis en même temps mes souffrances.
Il s’en étonna comme la première fois
Et s’écria : « Si vous étiez un homme, ma foi !
J’eusse fait de vous mon héritier légitime. »
Notre amitié devenant de plus en plus intime,
Le sultan me dit de ne plus me prosterner,
Et à son esclave je l’entendis ordonner
De lui apporter un jeu d’échecs. Par signe,
Il me demanda, comme à un adversaire digne,
Si je savais jouer ; je répondis que oui.
Il gagna la première partie avec peine, puis
Je gagnai la seconde et aussi la troisième.
Le voyant devenir après cette défaite blême,
Je fis un beau quatrain où je lui disais
Que nos deux armées furent vaillantes, et je baisai
Avec respect la terre à ses pieds augustes.
Le sultan, qui était bienveillant et juste,
Me félicita pour mes victoires, et voulut
Que d’autres vissent mes prodiges ; il se plut
A faire venir sa fille, qui était très belle.
Je baisai la terre à ses pieds, mais elle
Recula, et de son voile elle se couvrit
Et dit au sultan : « Je suis surprise, père chéri,
Que devant des hommes vous me fassiez paraître.
Il fallait me le dire pour que je fisse mettre
Sur ma tête mon voile avant que de venir. »
Le sultan s’étonna : « Que Dieu veuille te bénir !
Dit-il à sa fille, il n’y a que ces deux esclaves
Que tu vois dans cette chambre, et ce singe brave,
Et tu peux montrer ton visage devant nous. »
Sa fille lui répondit d’un ton qui était doux :
« Père, ce singe est en vérité un jeune homme
Fils d’un grand sultan qui a un grand royaume,
Métamorphosé en singe par l’enchantement
D’un mauvais génie qui le châtia cruellement. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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