jeudi 22 mai 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XXXIII)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XXXIII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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J’employai toute mon éloquence à prier

Le génie courroucé de ne point me tuer
Après qu’il eut tué devant moi sa maîtresse
Qui, avant de mourir, douce et avec détresse,
M’embrassa avec son bienveillant regard,
Dit une prière, leva au ciel ses yeux hagards
Et périt sans qu’un mot ne sortît de sa bouche.
J’essayai d’attendrir ce génie farouche
Qui venait d’occire son amante avec froideur,
Et je contemplais de son beau corps la roideur
Avec tristesse, n’ayant rien pu faire pour elle.
Mais ce génie, empli de l’envie cruelle
De me châtier, dit : « Tu rêves de quitter ce toit
Sain et sauf, mais tout ce que je puis faire pour toi,
Traître qui causa la mort de ma princesse,
C’est te faire souhaiter que ta triste vie cesse,
Et je te châtierai par mes enchantements. »
Il se saisit, à ces mots, de moi violemment
Et m’enleva si haut, comme une bête sauvage
Sa proie, que la terre me parut un nuage.
Arrivés sur la cime d’un vaste mont lointain,
Ce génie, disposant maintenant de mon destin,
Amassa aussitôt une poignée de terre,
Murmura dessus des paroles pleines de mystère,
Et la jetant sur moi : « Quitte cette figure d’humain,
Me dit-il, et deviens singe. » Par ses noires mains
Châtié, il me laissa seul sur ce mont immense
Sans daigner avoir pour moi la moindre clémence.
Je descendis, de toutes mes aventures las,
Et dans cette forme entrai dans un pays plat.
J’arrivai, après un mois, à une mer tranquille,
Eloigné des humains et éloigné des villes,
Et vis un vaisseau tout près et des matelots.
Je rompis une branche d’arbre, et dans les flots
Nageai, un bâton à chaque main pour rame.
Je donnai un spectacle avec autant de flamme
Aux passagers et aux matelots que tous, surpris,
M’admirèrent et jetèrent en me voyant des cris.
Ils me reçurent à bord, et à un cordage
Je m’agrippai pour faire avec eux le voyage.
Mais les marchands, étant tous fort superstitieux,
S’inquiétèrent de me voir. « Un esprit malicieux,
Dit l’un d’eux, habite certainement ce singe. »
« On dirait un humain, dit l’autre. C’est étrange,
On le croirait maudit, ce singe de l’enfer. »
Et suggérèrent de me jeter à la mer,
De m’assommer ou me tuer avec une flèche.
J’en fus terrifié, et de ma gorge sèche,
Pour les dissuader de leur affreux dessein,
Nulle parole ne sortit, et d’effroi j’étais plein.

[A SUIVRE]

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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