Vie de sainte Odile (Deuxième partie)
II
La belle
Bérhésinde, avec des propos doux,
Essaya d’apaiser
le terrible courroux
De l’implacable
duc. Elle lui dit : « Maître !
Ayez pitié de
cette enfant qui vient de naître !
Regardez-la, elle
est si douce ! Elle ne sait pas
Ce qu’est la vie,
elle ignore le trépas !
Elle est aveugle
mais rêve des caresses d’un père,
Elle entend votre
voix et son cœur espère
Qu’elle sera
consolée et qu’elle la bercera !
Elle grandira un
jour et elle vous sera
Fidèle et loyale,
elle vous sera dévote ;
Elle est aveugle
mais ce n’est point de sa faute,
C’est votre chair
et c’est votre sang, ô, seigneur !
Vous lui décrirez
les aurores et les lueurs,
Les printemps
bénis et les douces verdures !
Songez enfin que
Dieu, qui sait ce qu’on endure,
Eprouve notre foi,
que cette fille est son don,
Au fils de Timée
et à l’enfant de Sidon !
Grâce, ô, maître !
pour cette innocente victime
Qui semble
implorer votre cœur magnanime
D’épargner sa vie,
pour vous dire qu’elle vous chérit ! »
Même un roc
inhumain eût été attendri
En entendant les
mots de cette mère en larmes
Qui priait,
prosternée, avec tant d’alarmes,
Un père d’épargner
sa fille devant son berceau.
Ces mots eussent
déchiré son cœur en mille morceaux,
S’il en
avait ! Mais le sombre duc, impassible,
S’écria :
« Assez, femme ! Il m’est impossible
D’élever cette
enfant, et j’en suis déjà las.
Choisis :
fais-la tuer ou abandonne-la. »
L’âme de
Bérhésinde de terreur fut emplie.
« Emporte-la
assez loin pour que je l’oublie. »
Reprit ce père
maudit. Malgré ses tremblements,
La mère se souvint
soudain en ce moment
D’une serve
fidèle. Elle lui remit l’innocente,
Et elle la supplia
pour qu’elle consente,
Connaissant le
cruel duc, d’aller la porter
Sans que nul
humain n’en soit jamais alerté
Et le fasse savoir
à son père pour qu’il la gagne,
Au couvent de
Baume-les-Dames, en Bourgogne.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
mardi 17 décembre 2013
Vie de sainte Odile (Deuxième partie)
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