Vie de sainte Odile (première partie)
I
Atalric était fils
d’Hultrude et duc d’Alsace,
Père des Étichonides,
épris de la chasse
Et des guerres,
homme cruel qui gouverna
Au château d’Aubernai
et à Altitona,
Construction fière
bâtie sur une montagne
Qui ressemblait
moins à un castel qu’à un bagne,
S’élevant sur les
débris d’un sanctuaire gaulois.
Cet austrasien au cœur
dur était toutefois
Un homme pieux,
époux d’une femme pieuse
Qui de ses crimes
portait la marque injurieuse,
Bérhésinde, fille
d’une sœur de saint Léger,
Evêque d’Autun que le duc, sans s’affliger,
Fit assassiner,
comme ses deux autres confrères,
L’abbé Germain et
saint Colomban, moine sincère
Qui évangélisa des
royaumes entiers.
Oubliant ses
meurtres, il voulait un héritier
Qui portât son nom
et celui de sa race.
Il était las et la
duchesse était lasse
Et tremblait, ne
voyant point naître cet enfant,
Du courroux
hasardeux de son duc triomphant.
Elle priait, il
priait aussi, cet homme terrible
Qui, même devant
Dieu, était impassible
Et ne songeait
point à ses mille forfaits hideux.
Pour se venger de
lui ou pour se venger d’eux,
Le Seigneur exauça
leurs ferventes prières,
Mais ce n’était
point la tête blonde et fière
D’un fils qu’ils
virent reluire. C’était le front charmant
D’une fille
aveugle-née. Atalric, alarmant,
Etait fou de rage,
et il dit à sa femme :
« Par tous
les saints de Dieu ! Que je perde mon âme
Si je laisse cette
enfant vivre ! Une aveugle ! Ô, Dieu !
Que vous ai-je
donc fait pour que ce monstre hideux
Vienne souiller ma
race ? Ce n’est qu’une fille
Frêle, qui ne
verra point le soleil qui brille,
Et qui n’est pas
bonne à envoyer au couvent !
Ô, opprobre
éternel ! Qu’ai-je fait pour qu’en rêvant
D’un héritier, d’un
fils, d’une âme fière et forte,
Vous me punissiez,
ô, Seigneur, de la sorte ?
Une fille !
Une aveugle ! Que je sois donc damné
Et par toutes les
foudres de la terre étonné
Si cette chose
survit et si moi je l’aime,
De ma honte et de
mes péchés sombre emblème ! »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
lundi 16 décembre 2013
Vie de sainte Odile (Première partie)
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