Le châtiment du roi Louis treize
Comme la nuit le roi
Louis treize était sombre
Et il contemplait on
ne sait quoi dans l’ombre,
Fixant un spectre
avec ses yeux de hibou.
Ses ministres
tremblants, connaissant son courroux,
S’étaient tu ;
Louis comptait les gemmes de sa couronne.
Le silence et le soir
rendaient la salle du Trône
Où reluisaient vaguement
quelques mourants flambeaux
Pareille à un antre
et pareille à un tombeau,
Leurs rayons
semblaient des larmes que l’ombre essuie.
Soudain Louis s’écria :
« Par Dieu, je m’ennuie !
De la musique !
Vite, faites venir un bouffon
Ou je jetterai vos
têtes dans un puits sans fond
Et vos dépouilles aux
chiens errants pour les mordre. »
Cette menace était
vaine. Quand Louis donne un ordre,
On obéit. On fit donc
venir, sans délai,
Au monarque ennuyé le
bouffon qui lui plaît
Comme à un enfant le
jouet qu’il préfère.
Il riait, ses
ministres feignirent de le faire,
Pour ne point
courroucer leur roi capricieux.
Tout à coup, ce
dernier devint silencieux
Et redevint pâle. Il
dit au pauvre homme :
« Par le Christ !
Bouffon, tu es mou comme une femme ! »
Puis dit au bourreau :
« donne-moi ton épée maintenant. »
Et trancha le col au
misérable manant
Et, l’œil sinistre et
fauve, cria : « C’est plus drôle !
Jetez-moi ça aux
bêtes pour qu’ils le consolent.
Qu’on me donne un
cheval. » Rapide comme l’effroi
Qui fait obéir, on
fit venir un palefroi
A la crinière soyeuse,
noir comme les ténèbres
Où il emporta son
cavalier funèbre.
Ô, ombre que porte l’ombre,
nuit sur la nuit !
Comme pour rattraper
un ennemi qui fuit
Ou pour chasser une
bête essoufflée et pâle
Suivi d’une meute
invisible et spectrale,
Le roi, sur son
cheval, errait éperdument.
Il était pareil aux
cavaliers alarmants
De l’Apocalypse, sur
leurs sombres montures.
Il arriva à un bois
empli de verdure
Mais ne s’arrêtant
point, il poursuivait toujours
Sa route éternelle,
blême, muet et sourd,
Sans entendre le
chant béni des rivières
Qui à un dieu antique
disent des prières.
Soudain, las de
courir sans doute, son cheval
Cessa d’obéir. « Ah !
Maudit animal !
Cria-t-il. Tu es mou
et encore plus faible
Que ce bouffon que je
viens d’envoyer au Diable.
Ton écuyer maudit va
mourir comme lui. »
Une voix hurla tout à
coup dans l’ombre : « Louis ! »
Le roi, terrifié car
il ne voyait personne
Dans cette forêt que
le jour abandonne,
Voulait descendre de
son cheval. Mais resta
Immobile comme une
statue. Il tenta
Maintes fois,
vainement, de tirer son épée,
Et la bête
formidable, monstre d’une épopée,
Ouvrit ses ailes
noires pour voler dans l’éther
Et emporta le roi
Louis treize en enfer.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
lundi 18 juin 2012
Le châtiment du roi Louis treize
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