CONTE: LA HOULE DE CHELIN (PARTIE Iv)
IV. De quelle manière le marin Faîto, aidé par une
fée, voulut se venger
Dans la demeure que le marin habitait,
Il y avait trois petits enfants dont le
dernier était
Au berceau, et faisait un beau
tintamarre.
Un jour leur mère à la fontaine de la
Mare
Alla chercher de l’eau, et laissa le
poupon
Tout seul à la maison, couvert par un
coupon.
On le lui enleva pendant son absence
En profitant de sa frêleur et innocence,
Et à sa place on mit un bien hideux
marmot
Qui, bien qu’il fût petit, tel les
enfants normaux
De sa race, semblait un vieux de la
paroisse.
Quand sa mère revint, pleine d’angoisse,
Elle ne trouva pas au berceau son chéri,
Et en voyant un monstre elle jeta un cri
Et chez sa voisine courut. « Ah !
lui dit-elle
En pleurant, je suis pleine d’une
frayeur mortelle !
Mon enfant a été volé ! et on a mis
Un monstre à sa place ! Au secours,
mes amis ! »
« Les fées de Chelin, lui dit-on,
sont les coupables
Et de ce changement elles sont responsables,
Si tu veux ravoir ton fils, va dans le
foyer
Allumer un grand feu ; quand il va
rougeoyer
Et que le bois flambera, il faut que tu
casses
Des œufs, et tu poseras ensuite les
carcasses
Parmi la cendre, autour du foyer, y
mettant
De l’eau, et tu prendras, comme si l’allaitant,
L’enfant sur tes genoux, qu’il faut que
tu écoutes. »
La bonne femme le fit, malgré ses
doutes,
L’enfant autour de lui regarda, étonné,
Et dit : « De vivre cent
ans il me fut donné,
Jamais je n’avais vu ces petits pots qui
bouillent. »
« Tu vas trembler comme de la pluie
Gribouille !
S’écria la mère en prenant son couteau.
Où est donc mon enfant, vil sorcier,
diableteau ?
Dis-le-moi ou je vais te tuer, noir
traître ! »
Aussitôt elle vit devant elle paraître
Une fée qui lui dit : « A
mon fils ne fais rien,
Et je vais te rendre, en bonne santé, le
tien. »
« C’est maintenant qu’il faut me le
rendre, mégère,
S’écria-t-elle encor, ou il mourra ! »
Légère,
La fée disparut. D’un endroit peu
éloigné
Elle revint avec son enfant bien soigné
Et qui n’avait aucun mal, et dit à la
mère :
« Je suis de la race d’Antifer ;
amère,
Je quitte la Houle et le pays sans
revenir.
Ma vengeance est finie, rien ne m’y va
retenir,
Et vous ne nous verrez plus ici en
Bretagne. »
Ni près de la Houle, ni près de le
montagne,
On ne revit la fée, ses sœurs ou le
matelot
Qui, dit-on en tremblant, hante toujours
les flots.
[FIN DU CONTE: LA HOULE DE CHELIN]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2194.
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mercredi 25 mars 2015
Conte: La Houle de Chelin (Partie IV)
mardi 24 mars 2015
Conte: La Houle de Chelin (Partie III)
CONTE: LA HOULE DE CHELIN (PARTIE IIi)
III. L’incroyable rencontre que fit le jeune
matelot, et ce qui s’ensuivit
Auprès de la Houle de Chelin, une terre
Bordait la falaise haute et où nul n’erre,
Cette terre aux parents du marin
appartenait,
Et avec ses bestiaux souvent il y venait
Pour qu’ils pâturassent, jamais las de
la marche,
Et allait au Heussé pêcher à la perche.
Un jour qu’autour de lui le marin
regardait
Et que le beau poisson à lui venir
tardait,
Il vit de loin un homme, à l’entrée de
la Houle,
Qui n’était pas souvent fréquentée de la
foule,
Et qui lui rappela Faîto, le matelot mort
Qui les attaqua quand il fut conduit au
port.
Cet homme est singulier, se dit-il, j’allais
croire
Que c’est Faîto ! Devant cette
grotte noire,
A cette heure de la marée, que
cherche-t-il ? »
Le lendemain matin, à l’aurore au front
subtil,
Il conduisit ses vaches à la même
pâture,
Et il ne revit plus l’étrange créature
En allant à la pêche ; mais, à l’heure
du soir,
Alors qu’il commençait lentement à faire
noir,
Il vit qu’il manquait une en comptant
ses vaches.
« Viens, Blanchette, héla-t-il. Où
est-ce que tu te caches ? »
Comme elle ne vint pas, il se mit à
chercher
En pensant qu’elle avait glissé sur le
rocher,
Et descendit jusqu’à la grève
silencieuse.
Il ne trouva pas la vache séditieuse,
Mais en faisant auprès de la Houle cent
tours,
Il vit des bouses sur les rochers d’alentour,
Et se dit : « Ah ! c’est
bien Faîto qui l’a prise
Pour se venger de ce qu’il croit une
traitrise. »
Il raconta l’affaire à ses parents
éblouis
D’abord, et qui rirent ensuite de lui
Et lui dirent, incrédules, que son
histoire
Etait incroyable, et que, de mémoire,
Nul ne les a jamais volés auparavant.
Il perdit deux moutons, un mois après. « Bravant
Ma colère, dit-il, c’est Faîto, sans
doute,
Pirate dans la mer et brigand sur les
routes,
Qui m’a volé, et je vais guetter le
coquin
Pour avoir le cœur net, et punir ce
faquin. »
Le lendemain, il prit sur son dos un sac
de hardes
Qu’on venait de laver, et en restant en
garde,
Le porta sur un tertre exposé au soleil
Et chargea son fusil, à un soldat
pareil,
En se cachant derrière un rocher énorme.
Il vit venir une fée et le marin
difforme
Qui se mirent aussitôt, ensemble, à
ramasser
Le linge ; l’arme en joue et prêt à
les chasser,
Il ajusta le vieux marin avec adresse,
Mais, bien qu’il le blessât, voilà qu’il
se redresse
Et s’avance vers lui, hardi, sans s’émouvoir.
« Ah ! sorcier, je ne crains
pas tes sombres pouvoirs !
S’écria le jeune matelot avec colère.
La mort t’attend et elle sera ton
salaire,
Tu n’es pas invincible et je vais le
prouver. »
« Je suis Faîto, je suis venu te
retrouver,
Lui dit le vieux marin, et j’ai volé tes
bêtes
Pour me venger, et je te casserai la
tête. »
Et l’autre railla : « Tu
le fais en discutant. »
Les deux se prirent à bras-le-corps ;
en luttant
Le pied leur glissa, et ils
dégringolèrent
Jusque sur les rochers. Puissants et
colères,
Ils ne se firent, quand ils tombèrent,
aucun mal,
Et chacun d’eux lutta comme un sombre
animal.
Fatigués du combat enfin, ils s’insultèrent,
Et tous les deux blessés, les gaillards
se quittèrent.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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