CONTE: La houle de chelin (PARTIE i)
I. L’étrange rencontre que fit un matelot de
Saint-Cast à bord d’un navire, et que fit après lui le capitaine
Il y avait un
marin de Saint-Cast bien hardi
Et connu pour
être un bon gaillard dégourdi,
Qui s’alla
embarquer à bord d’un navire
Qui dans les
flots puissants jamais ne chavire
Et devait faire
un long voyage de trois ans
– c’est pour
cette raison qu’il était bien pesant –
De Saint-Malo à
un pays exotique.
On choisit donc
de jeunes matelots athlétiques
Qui pussent
supporter ce voyage lointain,
Pareils, sur le
vaisseau, à des héros hautains.
Quelques jours
après, le matelot fit connaissance
D’un autre marin
dont la lointaine naissance
Lui semblait
précéder les autres de trente ans,
Et qui semblait,
à le regarder, inquiétant.
« N’es-tu
pas de Saint-Cast, toi ? » lui dit son confrère.
« Si »,
répondit le matelot d’une voix fière.
« Alors
dis, tu connais la Houle de Chelin ? »
Le matelot
répondit au vieil homme malin
Qu’il l’avait
vue et qu’elle était peu profonde.
« Parbleu !
s’écria le vieux, plus que ces ondes
Elle est
profonde, et tu ne saurais deviner
Où cette grotte
va, mon garçon, pateliner. »
« Où
finit-elle donc, cette grotte seulette ?
Va-t-elle plus
loin que l’Isle et la Roulette ? »
Demanda le
matelot. « Plus loin elle s’étend,
C’est la vérité
et non ce que je prétends :
Sache que cette
grotte va jusqu’à Lamballe
Et que ses
griffes sont sous sa cathédrale. »
A cette réponse
de l’étrange matelot,
Ils se turent
tous deux. En contemplant les flots,
Notre héros
surpris pensait à ces vanteries
Et se dit que c’étaient
de vaines plaisanteries.
Le capitaine, le
lendemain, du pont passé,
Etait étonné de
l’air ancien et cassé
Du vieux marin,
et il pensait qu’il est étrange
Qu’un tel homme,
semblant faible et âgé, s’arrange
Pour monter à
son bord, vieux comme les chemins.
Il le salua, et
en lui tendant la main
Lui demanda : « Ami,
d’où est-ce que vous êtes ? »
« Je suis
Faîto de Saint-Malo, et les tempêtes
Ne m’ont point
effrayé. Vous me semblez surpris !
Dans votre
équipage, chef, je suis compris,
L’avez-vous
oublié ? La mémoire est volage. »
Répondit le
vieil homme. « Vous avez de l’âge,
Reprit le
capitaine, sans vouloir offenser,
Et je n’ai
engagé, veillant à y penser,
Que des matelots
forts et encore jeunes. »
« Sachez
que, même si cela vous étonne,
Repartit le
vieil homme, je suis fort comme fer,
Et jeune dans ma
race, la race d’Antifer. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
dimanche 22 mars 2015
Conte: La Houle de Chelin (Partie I)
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