dimanche 22 mars 2015

Conte: La Houle de Chelin (Partie I)

CONTE: La houle de chelin (PARTIE i)

I. L’étrange rencontre que fit un matelot de Saint-Cast à bord d’un navire, et que fit après lui le capitaine

Il y avait un marin de Saint-Cast bien hardi
Et connu pour être un bon gaillard dégourdi,
Qui s’alla embarquer à bord d’un navire
Qui dans les flots puissants jamais ne chavire
Et devait faire un long voyage de trois ans
– c’est pour cette raison qu’il était bien pesant –
De Saint-Malo à un pays exotique.
On choisit donc de jeunes matelots athlétiques
Qui pussent supporter ce voyage lointain,
Pareils, sur le vaisseau, à des héros hautains.
Quelques jours après, le matelot fit connaissance
D’un autre marin dont la lointaine naissance
Lui semblait précéder les autres de trente ans,
Et qui semblait, à le regarder, inquiétant.
« N’es-tu pas de Saint-Cast, toi ? » lui dit son confrère.
« Si », répondit le matelot d’une voix fière.
« Alors dis, tu connais la Houle de Chelin ? »
Le matelot répondit au vieil homme malin
Qu’il l’avait vue et qu’elle était peu profonde.
« Parbleu ! s’écria le vieux, plus que ces ondes
Elle est profonde, et tu ne saurais deviner
Où cette grotte va, mon garçon, pateliner. »
« Où finit-elle donc, cette grotte seulette ?
Va-t-elle plus loin que l’Isle et la Roulette ? »
Demanda le matelot. « Plus loin elle s’étend,
C’est la vérité et non ce que je prétends :
Sache que cette grotte va jusqu’à Lamballe
Et que ses griffes sont sous sa cathédrale. »
A cette réponse de l’étrange matelot,
Ils se turent tous deux. En contemplant les flots,
Notre héros surpris pensait à ces vanteries
Et se dit que c’étaient de vaines plaisanteries.
Le capitaine, le lendemain, du pont passé,
Etait étonné de l’air ancien et cassé
Du vieux marin, et il pensait qu’il est étrange
Qu’un tel homme, semblant faible et âgé, s’arrange
Pour monter à son bord, vieux comme les chemins.
Il le salua, et en lui tendant la main
Lui demanda : « Ami, d’où est-ce que vous êtes ? »
« Je suis Faîto de Saint-Malo, et les tempêtes
Ne m’ont point effrayé. Vous me semblez surpris !
Dans votre équipage, chef, je suis compris,
L’avez-vous oublié ? La mémoire est volage. »
Répondit le vieil homme. « Vous avez de l’âge,
Reprit le capitaine, sans vouloir offenser,
Et je n’ai engagé, veillant à y penser,
Que des matelots forts et encore jeunes. »
« Sachez que, même si cela vous étonne,
Repartit le vieil homme, je suis fort comme fer,
Et jeune dans ma race, la race d’Antifer. » 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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