lundi 23 mars 2015

Conte: La Houle de Chelin (Partie II)

CONTE: LA HOULE DE CHELIN (PARTIE Ii)


II. Ce que le capitaine décida de faire de Faîto, et ce qui arriva par la suite

Le capitaine alla voir les amarrages
Et laissa le vieil homme finir son ouvrage.
Cependant le matelot de Saint-Cast eut grand peur
En songeant à Faîto, le vieux marin trompeur,
Et dit au commandant : « Ce Faîto, capitaine,
Qui nous vient d’on ne sait quelle terre lointaine,
Je crois que vous devez bientôt le remercier.
Je ne l’ai jamais vu à Saint-Cast ; ce sorcier
M’a décrit la Houle de Chelin, une grotte
De mon pays, près de laquelle nul ne trotte,
Et qu’elle va jusqu’à Lamballe a affirmé. »
« Par cet homme je suis comme vous alarmé,
Lui dit le capitaine, dès que nous toucherons terre,
Je vais le débarquer, que loin de nous il erre. »
Quand le navire dans un port eut abordé,
Il dit au vieux Faîto : « Je vous ai regardé,
Vous êtes un bon matelot et brave au service,
Mais n’êtes point jeune, et votre âge est votre vice.
Voici votre paye et un présent mérité
Et que je vous donne en toute sincérité. »
Faîto répondit : « C’est vous qui êtes le maître,
De descendre à terre daignez me permettre,
Et ne soyez surtout pas inquiet pour mon sort. »
Dans un petit canot il descendit au port
Et on ne pensait plus le revoir. Le voyage
Continua vers les Antilles ; au sillage
Du puissant navire qui marchait rondement,
On vit, après avoir entendu un grondement,
Un vaisseau qui sembla jaillir des ondes ingrates,
Et on sut que c’était un vaisseau de pirates.
Le capitaine vit qu’il ne pouvait pas fuir,
Il ordonna alors à ses matelots sans cuirs
D’apporter sur le pont aussitôt leurs armes
Et de se défendre bravement et sans alarmes.
Les marins combattirent bien courageusement
Ces vils pirates qui chargeaient rageusement ;
Ils furent plus forts qu’eux et les exterminèrent,
Sans épargner Faîto qu’ils assassinèrent.
Le capitaine en fut content, car il tremblait,
Disait-il, de Faîto qui un sorcier semblait.
Le vaisseau poursuivit sans accident sa route,
Et après deux ans de tempêtes et de doutes
Arriva aux Antilles. On acheta et vendit
Puis à Saint-Malo, sans hasard, on se rendit,
Et le matelot à ses moutons et ses poulettes
Revint chez ses parents vivre à la Roulette,
Et il ne pensait plus à Faîto le marin
Qu’il avait oublié en redevenant serein.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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