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jeudi 29 août 2024

Point de vue sur mes morts

POINT DE VUE SUR mes morts

Vous n’avez pas quitté mon cœur où tout reste,
Je me souviens de vous, ô mes spectres nombreux !
Vous m’habitez comme un manoir ténébreux,
Et c’est pourquoi mes vers, malgré moi, sont tristes.

Portraits abstraits de la volage mémoire,
Il me reste vos traits ainsi que vos couleurs,
Et les coups de pinceau des anciennes douleurs
Dessinent de nouveau vos immuables gloires ;

Les albums poussiéreux où sont vos images
Font tousser mon esprit, pleins de vagues mirages,
Et font sourire aussi mon cœur, pourtant bien las,

Et vous me rappelez ces temps d’abondance,
Les jours où a brillé ma radieuse enfance,
Ô vous que je revois et que je ne vois pas !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mardi 12 mars 2019

À des anges partis trop tôt

à des anges partis trop tôt

Douze bébés ont péri dans le service de néonatalité de l’hôpital la Rabta, en Tunisie, vraisemblablement à cause d’une erreur humaine. Ce poème est dédié à leur douce mémoire. Que les responsables de ce forfait soient punis !

Pauvres petits ! dans les cieux infinis,
Vous avez ouvert vos petites ailes
Pour vous envoler, radieux et bénis,
Et comme vos vies, vos courtes vies, frêles !

Vous avez donc quitté ce monde hideux,
Et la Mort a pleuré en voyant ses victimes,
Ces doux enfants, elle a eu pitié d’eux,
Et sa faux a tremblé avant son crime !

Elle a vu ces blancs et menus linceuls
Sous lesquels ils respiraient à peine
Avant que de mourir dans l’ombre seuls,
A cause de la bêtise humaine !

Douze petits, douze petits ! Hélas !
Comme il n’y a point de cercueils à leur taille,
On les a rendus à leurs parents las
Dans des cartons, déchets que l’on raille,

Au crime ajoutant l’humiliation
Et au meurtre ajoutant le blasphème,
Pour les parents aussi sans compassion
Comme pour leurs enfants que tout aime :

L’aurore, le vent, le ciel, le soleil,
L’hiver, le printemps, l’été et l’automne,
Qui ont sombré dans l’éternel sommeil
Et qu’a dévorés la nuit monotone !

Vous avez ravi comme des voleurs
Ces rayons au ciel, ces fleurs à la vie !
Malheur à vous, malheur, malheur, malheur !
Et que toute joie vous soit ravie !

Soyez flétris, sinistres criminels !
Maudits, que le gouffre vous emporte
Comme le vent emporte jusqu’au ciel
Les grains de poussière et les branches mortes !

Et vous, mes doux petits, soyez bénis
Et allez comme un encens que l’on brûle
Jusqu’aux sommets du ciel, tous réunis,
Loin de la tempête et du crépuscule !  


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 5 septembre 2018

Morts subites

Morts subites

Cœurs cessant de battre, arrêts, crises,
Combien sont morts soudain, par surprise !
La Mort, plus sournoise qu’auparavant,
Cueille les rêveurs qui marchent en rêvant,
Les laborieux dont elle est la paresse,
Et les paresseux qu’elle caresse,
Elle foudroie, tombe sur les mortels,
A quitté la charrette pour l’autel,
Et n’est plus l’humble paysanne
Qui marche, le soir, sur le dos d’un âne,
En faisant tomber, pour son seul effroi,
Sa faux rouillée d’un geste maladroit,
Mais a le regard méchant, sombre et fier,
Et a jeté ses guenilles d’hier !

La Mort assaille, la Mort s’amuse,
Rien ne peut sauver de ses noires ruses,
Ni les vastes forts, ni les monts élevés,
Ni les amours, ni les bonheurs rêvés,
Ni l’art impuissant qui se lamente ;
La Mort s’égaie, la Mort nous tourmente !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

samedi 11 août 2018

Les yeux des morts

Les yeux des morts

Que regardent ces yeux ouverts comme des portes
De la grande maison des morts et du néant ?
Que contemplent-ils donc ? Quel mystère géant
Dans ses serres d’aigle jusqu’au ciel les emporte ?

Voient-ils notre destin ? Ils savent le secret
De la mort et des morts, des vivants, de la vie ;
Ses grandes prunelles par le trépas ravies
Voient les pâles arbres des mortelles forêts !

Les yeux des morts voient tout : vérité et chimère,
L’évidence trompeuse et l’illusion amère,
Toutes nos théories et toutes nos erreurs.

La nuit est ténébreuse et emplie de terreur !
Et ces yeux grands ouverts voient à travers elle
Comme dans une nuit étoilée et belle.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

lundi 16 juillet 2018

À mes morts

à mes morts

Reposez donc en paix, âmes fraternelles,
Dans vos cercueils et vos ténèbres éternelles,
Et tandis que je vous écris ces mauvais vers,
Soyez tous dévorés par les sinistres vers.

Vous n’êtes, maintenant, au fond de la terre,
Plus que des souvenirs et un peu de poussière,
Et vous qui fûtes tout, vous n’êtes plus rien,
Poèmes sans rimes chantés par les Anciens,
Ô visages chéris que ronge la vermine
Et que l’Oubli avec toutes ses dents mine,
Ô noms dont les lettres s’effritent lentement
En tombant dans le gouffre avec enchantement,
Ruines d’existences, petits débris d’êtres !
De ce qui respire le Néant est le maître,
Comme de tout ce qui a jadis respiré,
Par vos gouffres béants je me sens attiré,
Mes morts, mes chers défunts, affreuse famille  
De trépassés, de fils, de mères, de filles,
Vous que l’abîme mange avec ce qui périt
Et dont l’Éternité gourmande se nourrit !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

dimanche 22 janvier 2017

L’Île de la Mort

l'île de la mort

Arnold Böcklin, L'Île des morts (version de 1886)

Obscure et sans port,
Crépusculaire, 
Nul soleil n’éclaire
L’île de la Mort.

Le soir éternel
Tombe sur elle,
Les âmes frêles
Hurlent sous son ciel ;

Quand le morne vent
Plein de choses mortes
Franchit sa porte,
Il chante en rêvant 

Des hymnes obscurs
Et de noirs poèmes,
Comme lorsqu’on aime
Ecrit sur le mur

Le nom de sa belle ;
Le morne Charon 
Du Trépas larron
Serviteur fidèle,

L’allure altière,
Lentement conduit,
Les âmes, la nuit,
Devenues matière.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 23 novembre 2016

Les âmes mortes

LEs âmes mortes

Peter Nicolaï Arbo, Les Âmes des Morts (1867)

Comme des flots puissants, les yeux pleins de flammes,
Les âmes nombreuses des trépassés maudits,
Echevelés et nus, hommes, vieillards et femmes,
Déferlent contre les portes du Paradis.

Ils ne le savent pas, mais elles sont bien closes,
Et ils s’y briseront comme sur un écueil,
Et elles sont fermées comme de pâles roses
Qu’abhorre le soleil, dormant dans leurs cercueils.  

A pied, volant sur des destriers squelettiques,
Se jetant des pierres, rêvant et s’insultant,
Courant sur les nuées, ces morts acrobatiques
Continuent à errer, courroucés et haletants !

Les frères maudissent les frères, les mères
Maudissent leurs enfants, et les maîtres leurs chiens,
D’un sinistre océan écumes amères,
Souillées par mille boues, misérables vauriens !

Ils tomberont bientôt dans le précipice
Qu’ils ne voient pas, pareils à des neiges d’hiver,
Et courront encore, car tel est leur supplice,
Loin d’autres paradis, dans d’autres univers.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène