chronos et cupidon
Pompeo Batoni, Chronos rognant les ailes d’Éros (?)
Le cruel vieillard, la faux par terre,
Déplume le cruel enfant qui erre
En blessant les cœurs, mortels ou divins,
Et gémit sombrement et lutte en vain.
Carquois et sablier dans la poussière,
Les deux divinités meurtrières
Luttent comme des hommes ; l’un, furieux,
Semble un enfant, éternel petit dieu
Que corrige son père vénérable,
Frêle et courroucé ; le misérable
Lui meurtrit la barbe avec ses doigts blancs.
Le vigoureux vieillard n’est point tremblant
Mais calme comme une mer sans ondes,
Car il règle l’horloge du monde,
Et Cupidon, bien qu’il soit affairé,
Joue dans l’ombre avec ses dards acérés
Et avec ses flèches que le sang couvre.
Chronos, maître des abîmes qu’il ouvre
Sous les pas des vains mortels, triomphant,
Torture l’incommensurable enfant
Qui sème le chaos avec zèle,
Dangereux oiseaux dont il coupe les ailes.
Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2194.
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dimanche 2 avril 2017
Chronos et Cupidon
samedi 1 avril 2017
Andromède enchaînée
andromède enchaînée
Théodore Chassériau, Andromède attachée au rocher par les Néréides (1840)
Andromède, châtiée à cause de sa mère,
Gémit, à un rocher enchaînée, dans les fers,
Et attend, éplorée et de son sort amère,
Que la bête vienne des ténébreux enfers.
La mer semble railler sa sombre détresse
Et cache le monstre de son dieu dans ses flancs,
Et ses flots dangereux s’agitent avec paresse
Devant la beauté nue qui gémit en tremblant ;
On entend, pareil à un lointain tonnerre,
Venir de l’abîme un lointain rugissement,
La chose formidable au cœur sanguinaire
Comme un amant des eaux approche doucement !
Tout comme Iphigénie sacrifiée par son père,
La victime enchaînée au rocher sacrificiel
Attend avec effroi et secrètement espère
Et soupire en rêvant et contemplant le ciel
Calme et que rien n’émeut, grand sphinx impassible
Dont le dos est doré par le radieux soleil,
Qui dort éternellement, vaste et invincible,
Et dont rien ne trouble le souverain sommeil !
Elle attend qu’il envoie pour lui sauver la vie
Un héros rugissant et qui tarde à venir
Son âme légère sera-t-elle ravie ?
Elle attend et à la mer semble appartenir.
Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène
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vendredi 24 février 2017
Hylas et les Nymphes
hylas et les nymphes
Francesco Furini, Hylas entraîné par les Nymphes (v. 1630)
Environné de flots et de nymphes lascives
Qui veulent l’emporter dans leur abîme amer,
Hylas gémit comme les beautés chétives,
Ravi à ses amis par l’ombre et par la mer.
Polyphème est inquiet, et les Argonautes,
Ne voyant point revenir le frêle aventurier,
Se demandent si ce n’est pas de leur faute
Et si ce jeune homme deviendra un guerrier ;
Héraclès, dont Hylas était l’éromène,
Cherche quelque chose dans l’ombre à massacrer,
Un monstre, l’Hydre grecque ou les Furies romaines,
Embrasé lentement par son courroux sacré.
Les nymphes murmurent des choses charmantes
À leur captif tremblant et accablé de fers,
Belles divinités nues et alarmantes
Et dont les yeux sournois sont de radieux enfers !
La mer, sombre au milieu de toutes ces aurores,
Ténébreux et profond abîme qui sourit,
Encercle l’éphèbe qu’elle mange et dévore
Et comme ses filles de lui se nourrit.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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mercredi 22 février 2017
Le saltimbanque blessé
Le saltimbanque blessé
Gustave Doré, Les Saltimbanques (1874)
Deux saltimbanques, comiques et sombres,
Aux visages bariolés de couleurs,
Contemplent, emplis d’effroi et de douleur,
Leur enfant blessé qui pleure dans l’ombre.
Quand l’enfant tomba, on rit dans la foire
Et on applaudit l’intrépide tour,
Et les deux bouffons, malgré leur amour,
Feignirent de rire pour les pourboires,
Car cette famille qui soupire
Collection de pitres déshérités,
Est pauvre et condamnée, en vérité,
Au lieu de pleurer, à faire rire !
Leur rire, c’est l’ironie de l’abîme
Comme une sombre porte ouvert sous eux,
De la foule qui crie : « Hé, les bouseux ! »
L’Ecce homo de ces grotesques sublimes !
Ils font rire et ils errent ; c’est leur vie.
De leurs masques pesants appesantis,
Ils pleurent maintenant avec leur petit
Et la joie par le sort leur est ravie ;
Leurs chiens, avec leurs costumes de scène,
Gémissent et ne sont pas récompensés,
Et leur hibou muet semble penser
A l’éternelle misère humaine.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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vendredi 10 février 2017
La Tentation des anachorètes
la tentation des anachorètes
Salvator Rosa, Anachorètes tentés par les démons (1660-1665)
Dans la ruine qui leur sert de maison
Quand le soir vient, les anachorètes
Entendent soudain hurler sans raison
Des démons caressant leurs lyrettes,
Ténébreux saltimbanques de l’enfer
Dansant, chantant, effrayants et comiques,
Qui ont soudain brisé leurs pesants fers
Et disent aux moines des choses lubriques,
Enivrés par la joie et par l’amour,
Etreignant leurs volages femelles,
Louant l’aurore, bénissant le jour,
La nuit et l’aube, ces sœurs jumelles !
Par ces bruyants visiteurs tourmentés,
Les anachorètes en vain se cachent,
De faire comme leurs bourreaux tentés
Et craignant que les cieux ne se fâchent ;
Les démons, s’agrippant à leurs haillons,
Les suivent comme des flots rapides,
Leur montrent en vain les éternels rayons
Et le bleu du firmament limpide.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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mardi 20 décembre 2016
Les Anxieux
LEs anxieux
Edvard
Munch, Anxiété (1894)
Terrifiants
comme les fantômes
Aux
yeux éternellement ouverts,
De
la Peur vivants symptômes,
De
pâles passants, presque verts,
Errent,
vagues somnambules,
Perdus
dans le vaste désert
Et
l’éternel vestibule
Du
monde mêlé à la mer.
Les
drogues et les somnifères
Et
les alcools les plus puissants
A
ces damnés n’ont rien pu faire,
Et
ils se lèvent, obéissants,
Comme
des morts de leurs tombes,
De
leurs lits profonds, parsemés
De
maintes épines qui tombent
De
leurs vains cerveaux alarmés,
Ces
pâles et vieilles roses !
Las,
ils aimeraient s’endormir,
Et
c’est une bien triste chose
Que
le sommeil les fait frémir ;
Le
suicide, sombre aurore,
Reluit
dans leurs esprits perdus,
C’est
la nuit, ils marchent encore,
Dans
le même chemin ardu.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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vendredi 5 juin 2015
Conte: Les trois crapauds
CONTE: LEs trois crapauds
Une femme passa
sa vie à se livrer
Aux plus sombres
plaisirs et à s’en enivrer,
Toutes les fois
qu’elle se voyait enceinte
Se faisant
avorter pour effacer l’empreinte
Du vice que dans
ses entrailles elle portait.
Elle le fit
trois fois et s’en réconfortait,
Mais devenue
plus âgée, cette misérable
Sentit le poids
de ses jours déshonorables.
« Je suis
une damnée et Dieu me punira !
Se répétait-elle ;
quand ma vie finira,
L’enfer sera,
hélas, ma demeure éternelle ! »
Assaillie de
remords, la pauvre criminelle
Alla se confesser
afin de recevoir
L’absolution de
ses fautes, et fit son devoir
En disant au
curé : « Je viens, malheureuse,
Me confesser à
vous d’une faute affreuse
En espérant que
Dieu me la pardonnera. »
« Et l’absolution
son ministre vous donnera,
Répondit le
curé. Dites-moi votre crime,
Espérez que
notre Seigneur le supprime. »
Elle dit en
tremblant et le cœur plein de foi :
« Je me
suis fait, hélas ! avorter trois fois. »
« Ces
péchés sont mortels, repartit le bonhomme,
Il faut vous retirer
des infernales flammes,
Mieux vaut payer
ici qu’en enfer expier.
Dieu a vu vos
fautes et il va maintenant épier
Votre remords.
Soyez à ses désirs soumise
Et allez me
chercher sans tarder les chemises
Que vous avez
portées pendant l’avortement. »
Elle courut et
les apporta prestement,
Et il les secoua
l’une après l’autre.
Comme les grains
pesants tombent de l’épeautre,
Trois crapauds
en tombèrent, qui se mirent à courir.
« Ce sont
vos trois enfants que vous fîtes mourir,
Malheureuse !
cria le curé terrible.
Contemplez avec
moi vos crimes horribles !
Ce premier
crapaud qui est monté à l’autel
Devrait être un
évêque, et, ô péché mortel !
Celui à la
chapelle allé un savant prêtre,
Celui grimpant à
la muraille allait être
Un peintre de
génie. Vous avez privé d’eux
L’univers, à
cause de vos forfaits hideux.
Pour vous
racheter voici votre pénitence
Qui vous fera
courir une longue distance :
A la fontaine d’Eau
bénite allez remplir
Ce calice sacré.
Vous devez accomplir,
Pour être
pardonnée, un exploit ensuite,
Un dragon
viendra ; ne prenez point la fuite,
Car avec cette
épée vous allez le férir.
Si vous parvenez
à lui couper sans périr
Une de ses sept
têtes, c’est que Dieu vous accorde
Ici comme dans l’au-delà
miséricorde,
Et il vous
dévorera si c’est sa volonté. »
En implorant de
Dieu l’éternelle bonté
Elle voyagea à
une contrée lointaine
Et arriva enfin,
lasse, à la fontaine.
Elle y vit le
dragon affreux aux yeux brillants
Qui rugit,
courroucé, formidable assaillant,
Comme le lion
qui grogne et le tigre qui feule,
Et pour la
dévorer ouvrit sa vaste gueule.
La malheureuse
prit son épée sans trembler,
De toutes les
forces qu’elle put rassembler
Elle lui assena
de grands coups ; ô misère !
En vain à le
frapper ses bras s’épuisèrent,
Trois énormes
crapauds, comme des boucliers,
L’empêchaient de
l’atteindre. A genoux pour prier,
Le sang de la
pauvresse se figea dans ses veines
Et elle abandonna
cette lutte vaine.
Elle suppliait
les trois crapauds, ses enfants
Qui voulaient
son ennemi, le dragon, triomphant,
De lui
pardonner, mais ils étaient de glace.
Elle reprit ses forces
et son épée, et lasse,
Frappa les trois
crapauds railleurs qu’elle tua
Et à combattre
le dragon s’évertua.
Sept sifflements
furieux bientôt se firent entendre,
L’infortunée
tomba sur le sol ; sans attendre,
Le dragon sur
cette damnée qui l’implora
Se pencha,
ouvrit sa gueule et la dévora.
[FIN DU CONTE: LES TROIS CRAPAUDS]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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dimanche 3 mai 2015
Conte: Les deux Chevaux
CONTE: les deux chevaux
A Longueau, près
d’Amiens, labourant sans lâcheté,
Il y avait un
vilain qui avait acheté
Selon ses
facultés qui étaient bien minces,
Car il n’était
ni un baron ni un prince,
Un roussin fort
chétif pour faire sa moisson.
Il le
nourrissait mal, et quant à la boisson,
Il ne lui en
donnait que pour rester en vie,
Et son travail à
nulle bête faisait envie.
Dès que la
moisson fut finie, de ses bons soins
Le jugeant
indigne et n’en ayant plus besoin,
Il résolut de s’en
défaire et le vendre.
Au château d’Amiens
il voulut donc se rendre
Avec son roussin
qui était bien bouchonné,
Bien étrillé et
bien lavé et étonné.
Cette pauvre
bête marchait sans mors, morne,
Ses côtes
saillaient et elle avait le poil terne,
Pareille au
voyageur las, assoiffé et seul.
En chemin il y
avait le prieuré d’Acheul.
Un moine était
venu par hasard à la porte
Et vit le manant
et sa bête presque morte
Et lui dit qu’ils
avaient un cheval au couvent
Dont ils pensaient
à se défaire bien souvent
Et qu’on
pourrait troquer, s’il voulait le faire,
Contre le sien.
L’idée semblait lui plaire,
A l’écurie il
vit, par l’affaire appelé,
Une haquenée
grande et vieille, au dos ensellé,
Au cou de grue,
basse devant, du derrière haute
Et tellement
maigre qu’on riait sans défaute
En la regardant,
ce que notre manant fit.
Le moine,
mécontent que de sa bête on rît,
Prétendit qu’elle
était bonne et qu’il la préfère
A son roussin
pesteux, que pour se refaire
Il ne lui
fallait que du repos mérité
Et qu’elle fût
traitée sans la sévérité,
Et que tous les
jours les maquignons qui allaient
Au marché,
vendaient des bêtes qui ne valaient
Pas la moitié de
sa jument, pour cent bons sous.
« On en
voit la peau mais on ne voit rien dessous,
Railla le
villageois. Ton discours m’étonne
Parce que ta
jument n’est qu’à écorcher bonne
Et c’est sa peau
que tu me vends apparemment.
Vois donc ce
bidet : ça travaille puissamment,
Il est bien
troussé et il a bonne mine,
Ça laboure, ça
herse, ça brave la famine
Et ça va sous l’homme
comme un oiseau léger.
Il est mieux que
ta bête, sans vouloir t’affliger. »
Le manant
déprisa tant le cheval du moine
Et vanta tant le
sien, que par saint Antoine
Et tous les
apôtres, le religieux piqué
Jura de venger
son honneur par lui moqué.
Pour savoir quelle
était la bête la plus forte,
Il lui proposa –
que le Diable l’emporte ! –
De les attacher
tous deux par la queue et voir
Qui pourrait
emporter l’autre ainsi et sans choir.
« Si le
vôtre entraîne le mien, les deux bêtes,
Dit le moine,
sont à vous, et sur ma tête
Je vous en fais
serment. Mais vous perdrez les deux
Si ma jument
entraîne votre roussin hideux
Dans l’écurie,
ce que j’attends certes d’elle. »
Armés d’une houssine,
tirant leurs haridelles
Par le licou,
chacun à marcher exhortait
Sa bête, et
nulle sur l’autre ne l’emportait
Car elles
étaient toutes deux vieilles et débiles.
Le vilain
cependant, qui était plus habile,
Vit que son
roussin est le plus faible, et rusa :
Il laissa
reculer son cheval, l’amusa,
Epuisant ainsi
la vigueur de la haquenée,
Et quand il vit
qu’elle haletait, lasse et gênée,
Ranima son
cheval de la voix : « Hue ! mon gris,
Allons, du cœur,
mon roi ! Hue ! hue ! » Avec ses cris
Il reprend
courage, et sans assistance
Emporte la
jument sans nulle résistance.
Le moine,
courroucé de la perdre, frappa
Vainement, puis
avec son couteau il coupa
La queue du
roussin, et referma la porte.
Les deux chevaux
s’enfuirent. De cette rude perte
Affligé, le
manant appela et cria.
En colère à la
cour de l’évêque, il pria
De lui rendre
justice. On rit de l’affaire
Et tous ceux qui
étaient présents s’esclaffèrent
De voir ce bon
manant de sa jument grugé,
Et le procès
traîna et ne fut pas jugé.
Je vous laisse
songer ; soyez-en les maîtres,
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