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dimanche 2 avril 2017

Chronos et Cupidon

chronos et cupidon

Pompeo Batoni, Chronos rognant les ailes d’Éros (?)

Le cruel vieillard, la faux par terre,
Déplume le cruel enfant qui erre
En blessant les cœurs, mortels ou divins,
Et gémit sombrement et lutte en vain.

Carquois et sablier dans la poussière,
Les deux divinités meurtrières
Luttent comme des hommes ; l’un, furieux,
Semble un enfant, éternel petit dieu
Que corrige son père vénérable,
Frêle et courroucé ; le misérable
Lui meurtrit la barbe avec ses doigts blancs.
Le vigoureux vieillard n’est point tremblant
Mais calme comme une mer sans ondes,
Car il règle l’horloge du monde,
Et Cupidon, bien qu’il soit affairé, 
Joue dans l’ombre avec ses dards acérés
Et avec ses flèches que le sang couvre.
Chronos, maître des abîmes qu’il ouvre 
Sous les pas des vains mortels, triomphant,
Torture l’incommensurable enfant
Qui sème le chaos avec zèle,
Dangereux oiseaux dont il coupe les ailes.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

mercredi 15 février 2017

L'arme de Cupidon

L'arme de cupidon

Godfried Schalcken, Vénus donnant une flèche enflammée à Cupidon (?)

Pour que l’amour soit fatal à l’amant
Se prosternant devant sa bien-aimée,
Vénus arme d’une flèche enflammée
Son fils frêle, comme un enfant charmant ;

Croyant qu’elle est un jouet, il la prend,
Radieuse comme un œil de chimère,
Et remercie sa puissante mère.
Ses ailes ployées, elle lui dit : « Rends

Les mortels amoureux, brise leurs cœurs, 
Qu’ils gémissent de leurs sombres blessures !
Inflige-leur la funeste morsure
De cette flèche en feu, et sois vainqueur !

Qu’ils errent dans les grands bois sans répit,
Qu’ils soient jeunes, vieux, hommes ou femmes,
Brûle-les avec ta radieuse flamme
Jusqu’à ce qu’ils tombent enfin, décrépits

Comme des ruines loin du doux soleil 
Que disloque la brise meurtrière !
Qu’ils me disent de vaines prières, 
Va, mon fils, et prive-les du sommeil ! »

Cupidon prend sa flèche, obéissant,
Et s’envole dans l’azur immense,
L’œil devenu soudain sans clémence,
Songe ailé empli d’un rêve puissant.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

mardi 22 novembre 2016

Le Labeur de Cupidon

Le labeur de cupidon

Charlotte Wyllie, A Labour of Love (?)

Pâle bien qu’il ne soit qu’un enfant,
Cupidon fatigué aux ailes blanches
Des roses fermées coupe les branches 
En se souvenant de ses temps triomphants.

Les cœurs, devenus durs comme des rochers,
Ne frémissent plus de ses vaines flèches,
Et il erre, hagard et la gorge sèche,
Ne pouvant voler et las de marcher,

Dans le monde farouche et ténébreux
Qui était empli de ses victimes,
Epris jadis de ses charmants crimes
Et qui chantait des poèmes nombreux !

Il assaille le soleil et le vent
Avec ses flèches acérées qui tombent 
Brisées ou embrasées dans leurs tombes,
Et il y cherche du sang en rêvant

Avec de sombres regards douloureux,
Mais comme ses ailes immaculées,
Emoussées, profanées, cassées, brûlées,
Elles n’ont percé aucun amoureux !

Et le pauvre Cupidon qui gémit
Dans son éternelle solitude,
Joyeux et espiègle d’habitude,
De la mort de l’amour fatal frémit.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

vendredi 27 juillet 2012

La tristesse de Cupidon


La tristesse de Cupidon


 Cupidon s’en alla voir sa divine mère
Et lui dit, le cœur triste et la voix amère,
 En se cachant de l’œil radieux de Jupiter :
« Soyez bénie, mère qui régnez aux éthers
Sur les cœurs des dieux, comme moi sur les cœurs des hommes.
On vous adore en Grèce, on vous adore à Rome,
Dans mille lieux différents, sous mille noms différents,
Et quand un mortel d’une mortelle s’éprend,
Il vous dit des prières et il vous conjure
D’être aussi clémente que vous êtes pure,
Et chante doucement, de sa lyre armé,
Votre nom adoré et son nom bien-aimé.
Vous m’avez sauvé de la sombre colère
Du frère tout-puissant de mon belliqueux père
En me cachant dans les bois, loin des rayons,
Où je m’abreuvais du sang des nobles lions
Et où je suçais le lait des clémentes louves,
Et pour que Jupiter jamais ne me trouve,
Aux bêtes de la nuit vous m’avez confié,
Et pour que je vive, vous l’avez défié.
Devenu fort, armé de mes flèches magnanimes,
L’univers s’est empli des cris de mes victimes ;
Comme vous on m’adore, comme vous on me craint,
J’emplis tous les cœurs de flamme et d’amour sans frein,
Maints hommes et maintes femmes de mes coups se souviennent,
Comme dans les manoirs les apparitions anciennes,
Quand j’apparais on tremble, et les amants rêveurs
Tristes et éplorés, me supplient avec douceur
D’attendrir le cœur d’une insensible amante
Comme l’océan cruelle, comme l’aurore charmante !
Mais aujourd’hui, mère, je crois que les humains
Sont devenus farouches, fussent-ils grecs ou romains.
Comme de son doigt on tire une épine chétive,
Ils tirent de leurs cœurs mes flèches captives
Et ils me sourient sans que je sache pourquoi.
Pour qu’ils s’aiment, j’ai maintes fois vidé mon carquois,
Mais ils préfèrent, tous ces mortels infâmes,
Les baisers des épées aux baisers des femmes ;
Les animaux étaient plus doux et plus soumis
Et plus que les hommes de mes coups ont gémi !
Ô, à moi le cyprès, à moi l’arc de frêne !
Cet arc doré est trop mou pour qu’ils s’éprennent
D’un sourire, ou pour qu’ils gémissent d’une amour ! »

Vénus soupira et dit à son fils : « Le jour
De ce siècle est plus sombre que le jour du nôtre.
Les mortels sont épris des guerres et des meurtres,
Ils rient des poètes et ils rient des amoureux,
Quand ils sont triomphants écrasent les malheureux
Et quand ils sont vaincus maudissent notre famille
Et envoient des flèches au soleil qui brille.
Nous ne sommes dans leurs bouches qu’un infâme juron
Et pour nous prier ils ne courbent plus leurs fronts ;
N’en doute point, mon fils chéri, et désespère,
Ce siècle maudit est le siècle de ton père. »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène