samedi 27 janvier 2018

Conte: Le terrible Pommelé (Partie IX)

CONTE: LE TERRIBLE POMMELÉ (PARTIE ix)


IX. Comment Kilian parvint enfin à épouser la princesse

Les deux rivaux chargent, la lutte est sans pitié ;
Ils se mordent, se frappent avec inimitié,
Pommelé est protégé grâce aux peaux épaisses,
Toutefois, contre le seul de son espèce.
La flamme du goudron s’élève ; Kilian
Descend rapidement, tremblant mais vaillant,
Enlève la bride de Pommelé, va la mettre
Sur l’autre cheval dont il devient le maître,
Vaincu, il se laisse dompter sans nul courroux,
Aussi docile qu’un mouton et aussi doux.
Les deux chevaux sont l’un à l’autre si semblables,
Aussi grands tous les deux et aussi formidables,
Que seul leur maître peut maintenant les distinguer.
Kilian revient, fou de joie, encore briguer
La main de sa belle, sûr de sa réussite.
Le roi en est ébloui. Toutefois il médite
Et dit à Kilian : « C’est un superbe cheval
Qui convient à ma fille, auguste et triomphal.
Je vous en remercie. Mais il faut que je sache
Si vous méritez ma fille : qu’elle se cache
Deux fois et que vous la trouviez, et vous aussi.
En trouvant ma fille vous aurez réussi,
Mais vous échouerez si c’est elle qui vous trouve. »
« Encore une épreuve ! Tant d’exploits vous prouvent
Pourtant mon mérite ! s’écrie Kilian, fâché.
Je vais vous obéir, pourtant et me cacher
Si bien, que nul ne me trouvera. J’espère
Que cette épreuve va être la dernière. »
La princesse se change aussitôt en canard
Et se pose au bord d’un étang, loin des regards.
Pommelé dit à Kilian cette métamorphose,
Il la trouve ; morceau de pain, on la pose
Sur la table, et Kilian la trouve de nouveau.
A son tour maintenant. Il parle à ses chevaux
Pour qu’ils lui prodiguent leurs conseils, puis se change
En puceron, suivant leur idée étrange,
Et se cache dans le naseau de son cheval.
La princesse cherche, cherche, en vain. L’animal
Sourit ; Kilian se change en globule de terre
Et se cache à l’instant sous une grosse pierre.
La princesse est vaincue, comme le roi surpris,
Kilian l’épouse, et ils sont l’un de l’autre épris.

[FIN DU CONTE: LE TERRIBLE POMMELÉ]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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