jeudi 6 août 2015

Conte: La bête à sept têtes (Partie IV)

CONTE: LA BÊTE À SEPT TÊTES (PARTIE Iv)


IV. Bertuolo expliquant son énigme au roi, qui lui permit d’aller combattre la bête à sept têtes

Le roi appela les savants les plus illustres
Et mille devins qui lisaient dans les astres
Comme les premiers dans leurs vieux livres ouverts.
Mais comme celui qui n’avait point lu ces vers,
Nul ne put résoudre l’obscure devinette
Que tout le monde crut absurde et malhonnête.
Bertuolo revint après trois jours. Au roi
Il demanda : « Avez-vous trouvé ? » « Non. Je crois,
Répondit-il, que ton énigme est insensée.
Elle hante de tous mes savants les pensées ;
Qu’est-ce que deux freccie ? Comment un mort peut-il
Porter un vivant ? » « Le sens en est bien subtil,
Expliqua le garçon, à mon départ ma mère,
Qui de me voir partir était fort amère,
Me donna deux gâteaux ; j’en compris la vertu
Quand j’en nourris mon pauvre âne affamé, Bertu,
Qui tomba raide mort. Les deux freccie données
Par ma mère étaient, en effet, empoisonnées.
Or en continuant ma route, sept voleurs
M’arrêtèrent, et il leur en arriva malheur,
Car pour m’en défaire je leur ai donné l’autre
Et je les fis périr bientôt sans combattre.
C’est Bertu qui les a tués, ces vils démons.
Débarrassé d’eux, quand j’arrivai à un mont,
Je vis cent noirs corbeaux affreux qui croassaient
Et qui, fort affamés, près des voleurs passaient :
Ils furent empoisonnés tout comme leur repas ;
C’est eux les cent vivants qui trouvèrent trépas
A cause de sept morts. » « Je comprends mieux l’affaire,
Dit le roi, et ce n’est point pour me déplaire !
Mais tu as dit voir un mort un vivant portant,
Sans être ni au ciel ni sur terre pourtant.
Explique-moi cela. » « Entendu, altesse :
La route était pendant longtemps ma seule hôtesse,
J’étais bien fatigué, et pour me délasser
Je m’assis sur un pont qui m’avait vu passer,
Je n’étais ainsi ni au ciel ni sur terre,
Et vivant, le pont, mort, me portait. » « Le mystère
S’explique ! S’écria le roi. Mais ton devoir
Est d’occire la bête, et ne plus te revoir
Me chagrine, car nul héros n’a pu la battre,
Et tu périras, je le crains, comme les autres. »
« Nous le verrons bien. Je suis petit mais adroit,
Laissez-moi combattre cette bête, mon roi. »
« Ton courage mérite les plus grands hommages,
Et te perdre serait pour moi bien dommage.
Prends mon épée et mon armure et va braver
La bête immonde, elles pourraient te sauver. »
Mais le brave garçon dit avec assurance :
« Je vous remercie, roi. Mais de préférence
Je veux rester léger. Cette épée me suffit.
Vainqueur, promettez-moi votre fille. » Il le fit,
Embrassa le héros avec bienveillance,
Et celui-ci partit, le cœur plein de vaillance.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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