mercredi 24 juin 2015

Conte: Marie la fille du roi (Partie IV)

CONTE: MARIE LA FILLE DU ROI (PARTIE Iv)


IV. Comment le prince amoureux épousa la belle Marie

Le jeune prince, dans ses transports redoutables,
Désirait épouser la princesse noble
Le jour même, par sa grande beauté charmé
Et car son cœur était de la perdre alarmé.
Mais la princesse dont toutes étaient jalouses
Lui dit : « Seigneur, avant que je ne vous épouse,
Mon vieux père, qui m’a châtiée avec fureur,
Doit venir aux noces et revenir de son erreur. »
Le prince envoya trois de ses courriers fidèles
Vers le vieux roi, zélés et comme muni d’ailes.
Ils revinrent bientôt, tristes aventuriers.
Marie leur demanda : « Pourquoi, mes bons courriers,
Etes-vous si tristes ? » « A cause d’une bassesse,
Lui répondirent-ils. Sachez, noble princesse,
Que le roi votre père a perdu la raison
Car attendre sa mort n’était plus de saison
Et son fils et sa fille avant le dépouillèrent
De tout ce qu’il avait, et tous deux se souillèrent
D’un crime qui effraie et les hommes et les cieux.
Comme il se plaignait et n’était pas silencieux,
Dans un sombre cachot profond ils l’enfermèrent. »
Le prince et la princesse Marie s’alarmèrent
De ces tristes nouvelles, et la belle pleurait.
Pour qu’elle se calmât et comme il l’adorait,
Son fiancé lui dit : « Je vous jure vengeance
Et s’il le faut ferai périr cette engeance
Pour vous plaire, ma belle ; je vais m’y envoler. »
Et il tâchait de son mieux de la consoler.
« Je veux que mon père récupère son trône
Et sur son pauvre chef remettre la couronne,
Dit à nouveau Marie, et s’il est sain d’esprit,
Je vous épouserai et mon cœur sera épris. »
Les parents du prince à des seigneurs se liguèrent
Et aux enfants ingrats déclarèrent la guerre
Pour qu’ils fussent châtiés et le prince content.
La farouche bataille ne dura point longtemps ;
Ils furent vaincus et on vengea le vieux père.
Mais comment diriger son royaume prospère
Alors qu’il devint fou ? Le prince, patiemment,
Attendit une année, inébranlable amant,
De soins, de caresses, de dévouement sans bornes,
Pour qu’on pût de son mal guérir le père morne.
Rien ne s’opposait au mariage désormais
Et aux souhaits que le prince amoureux formait,
Et on le célébra avec un grand faste
En y invitant tout le royaume vaste ;
On mangea, on but, on rit et on s’enivra
Et aux débauches des banquets on se livra.
Moi aussi j’assistai à ces fêtes exquises,
Comme je n’étais ni princesse ni marquise,
On me mit sous la table, et ce soir mon destin
Etait d’avoir sur le nez des os du festin.

[FIN DU CONTE: MARIE LA FILLE DU ROI]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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