CONTE: MARIE LA FILLE DU ROI (PARTIE IiI)
III. L’amoureux souvenir que Marie laissa à son insu
au prince, et ce qu’il en fit
La nuit s’assombrissait, et la jeune
bergère,
Quand elle eut chanté son harmonie
passagère
Et qu’elle eut remis sa peau d’âne
sombrement,
Vit paraître soudain, non sans
effarement,
Un jeune homme égaré à la chasse la
veille
Qui est le fils du roi et qui la
surveille.
Le prince avait tout vu et aussi
entendu,
Mais de la princesse il n’était point
attendu ;
Immobile d’abord comme un peu de marbre,
La pauvre pastoure tremblait de tous ses
membres,
Puis en laissant toutes ses chèvres sur
le mont
Elle s’enfuit comme s’il y avait un
démon
Vers le château du roi. La beauté, par
mégarde,
Laissa tomber pendant sa fuite hagarde
Comme un pétale la rose, un petit
soulier,
Souvenir que le prince ne pouvait
oublier,
Si petit, si petit, qu’il était
impalpable
Et qu’on n’avait jamais vu rien de
semblable.
Le prince tomba de la bergère amoureux,
Et de ne plus la voir il était
malheureux
Et entendre sa voix harmonieuse et
céleste.
Lorsque Marie s’enfuit, effrayée et
leste,
Il ignorait, en la voyant à cet endroit,
Qu’elle était au service de son père le
roi
Et il la fit chercher dans toute la
contrée.
Mais nul de ses sujets ne l’avait
rencontrée,
Et ses efforts furent vains. Il ne
renonça
Point toutefois à sa belle, et on
annonça,
Suivant son commandement et celui de son
père
Qui voulait son fils fort et royaume
prospère,
A son de trompe, dans le pays, qu’on
allait
Marier le prince et faire princesse du
palais
Celle qui pourrait son soulier trouvé
mettre.
Jugez combien de femmes on y vit
paraître !
Comme pour accomplir une sainte mission,
Elles y affluaient, de toutes
conditions,
Belles et laides, bourgeoises,
princesses et roturières.
Elles croyaient, toutes ces femmes
aventurières,
Avoir le bon pied, mais le maudit
soulier
Etait petit, à leurs doigts
inhospitalier.
Le prince au désespoir, embrasé par sa
flamme,
Soupirait et voulait à Dieu rendre l’âme,
Quand on lui dit qu’une bergère au rude
aspect,
Vêtue de vieille peau d’âne, sauf son
respect,
N’était pas venue. On courut chercher
Marie
Qui d’être retrouvée ainsi était marrie ;
Son pied entra dans le soulier exactement
Et elle le mit sans peiner et lestement.
On cria moqueusement : « Vive
notre reine ! »
Quand ils apprirent qui était la
souveraine,
Le roi et la reine jurèrent, irrités,
De ne point permettre telle témérité.
Mais Marie, fille de roi, leur dit,
altière :
« Je n’ai point gardé des chèvres
ma vie entière
Et mon père est un roi plus riche et
plus puissant
Que vous ne l’êtes, et aux sujets
obéissants. »
Les courtisans riaient de son impudence,
Mais elle, après avoir fait ces
confidences,
Demanda un moment aux monarques surpris
Pour s’habiller comme il se doit. Tous
les esprits
Et tous les yeux de sa grande beauté s’éblouirent,
Et on s’écriait en la voyant reluire
Comme un soleil radieux, pleins de
vénération,
Et de respect emplis comme d’admiration.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2163.
mardi 23 juin 2015
Conte: Marie la fille du roi (Partie III)
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