lundi 22 juin 2015

Conte: Marie la fille du roi (Partie II)

CONTE: MARIE LA FILLE DU ROI (PARTIE Ii)


II. Ce que devint la douce Marie quand elle arriva à un château

Après avoir passé la nuit dans les alarmes,
La pauvre Marie vit une petite ferme.
Elle alla frapper à la porte, mais craignit
Qu’on la trouvât trop belle au lieu qu’on la plaignît
Et qu’il lui arriva quelque malheur sombre,
Et elle retourna sur ses pas, dans l’ombre
D’une grande forêt épaisse s’égarant.
La pauvre Marie prit des chemins effarants
En attendant de voir de ces bois le rivage,
But l’eau des ruisseaux et mangea des fruits sauvages.
Pendant plusieurs semaines de la sorte elle errait
Sans qu’elle sût où sa marche la conduirait.
Des bois Marie trouva âprement la sortie ;
Depuis que la pauvre fut du château partie,
Elle ne cessait point de pleurer de remords.
Au bord d’une route trouvant un âne mort
Que les vautours avec leurs becs acérés souillent,
Avec son couteau ses mains de sa peau dépouillent
Le pauvre animal qu’on voit les fauves lécher.
Au soleil elle la fit ensuite sécher
Puis la fillette s’en vêtit sans épouvante
Pour qu’on crût qu’elle était une simple servante.
Elle voyagea dans cette tenue longtemps
Et en la voyant on se signait, mécontents,
Sans savoir qui était cette aimable fillette
Qui cachait ses robes et qui marchait, muette.
Elle arriva enfin à un fort beau palais
Et demanda : « Avez-vous besoin de valets ? »
« Oui, répondit-on, nous cherchons une pastoure
Pour garder les chèvres au mont qui nous entoure. »
La princesse accepta. Nul n’osait regarder
Cette laideron en peau d’âne, ou se hasarder
A parler à cette maudite bergerette
Qui était pourtant bien belle et bien proprette.
Le cœur de la pauvre Marie plein d’affliction,
Dans la monotonie et la déréliction
Elle songeait souvent à son injuste père
Qu’elle aimait malgré son châtiment sévère,
A ses frères, au passé, à son pays chéri
Qui devait être bien radieux et bien fleuri.
Pour que nul n’entendît ses soupirs de tristesse,
Elle conduisit ses chèvres avec prestesse
Un jour, et s’assit près d’un ruisseau roucoulant.
Elle lissa d’abord ses blonds cheveux coulants,
Se lava les mains et les pieds, d’une robe
Qu’à cacher à tous les yeux elle fut probe
Elle se revêtit comme dans la maison
De son père, et elle eût fait perdre la raison
A maints amants, cette douce colombelle,
Tellement elle était radieuse et belle.
Bercée par le vent doux et par le soleil clair,
La jeune princesse voulut chanter un air
Que dans sa patrie on chantait. De ses lèvres
Quand l’harmonie sortait, ses nombreuses chèvres
Cessèrent de boire et de paître afin d’ouïr
Leur maîtresse chanter et de sa voix jouir. 

[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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