CONTE: MARIE LA FILLE DU ROI (PARTIE Ii)
II. Ce que devint la douce Marie quand elle arriva à
un château
Après avoir passé la nuit dans les
alarmes,
La pauvre Marie vit une petite ferme.
Elle alla frapper à la porte, mais
craignit
Qu’on la trouvât trop belle au lieu qu’on
la plaignît
Et qu’il lui arriva quelque malheur
sombre,
Et elle retourna sur ses pas, dans l’ombre
D’une grande forêt épaisse s’égarant.
La pauvre Marie prit des chemins
effarants
En attendant de voir de ces bois le
rivage,
But l’eau des ruisseaux et mangea des fruits
sauvages.
Pendant plusieurs semaines de la sorte
elle errait
Sans qu’elle sût où sa marche la
conduirait.
Des bois Marie trouva âprement la sortie ;
Depuis que la pauvre fut du château
partie,
Elle ne cessait point de pleurer de
remords.
Au bord d’une route trouvant un âne mort
Que les vautours avec leurs becs acérés
souillent,
Avec son couteau ses mains de sa peau
dépouillent
Le pauvre animal qu’on voit les fauves
lécher.
Au soleil elle la fit ensuite sécher
Puis la fillette s’en vêtit sans
épouvante
Pour qu’on crût qu’elle était une simple
servante.
Elle voyagea dans cette tenue longtemps
Et en la voyant on se signait,
mécontents,
Sans savoir qui était cette aimable
fillette
Qui cachait ses robes et qui marchait,
muette.
Elle arriva enfin à un fort beau palais
Et demanda : « Avez-vous
besoin de valets ? »
« Oui, répondit-on, nous cherchons
une pastoure
Pour garder les chèvres au mont qui nous
entoure. »
La princesse accepta. Nul n’osait
regarder
Cette laideron en peau d’âne, ou se
hasarder
A parler à cette maudite bergerette
Qui était pourtant bien belle et bien
proprette.
Le cœur de la pauvre Marie plein d’affliction,
Dans la monotonie et la déréliction
Elle songeait souvent à son injuste père
Qu’elle aimait malgré son châtiment
sévère,
A ses frères, au passé, à son pays chéri
Qui devait être bien radieux et bien
fleuri.
Pour que nul n’entendît ses soupirs de
tristesse,
Elle conduisit ses chèvres avec
prestesse
Un jour, et s’assit près d’un ruisseau
roucoulant.
Elle lissa d’abord ses blonds cheveux
coulants,
Se lava les mains et les pieds, d’une
robe
Qu’à cacher à tous les yeux elle fut
probe
Elle se revêtit comme dans la maison
De son père, et elle eût fait perdre la
raison
A maints amants, cette douce colombelle,
Tellement elle était radieuse et belle.
Bercée par le vent doux et par le soleil
clair,
La jeune princesse voulut chanter un air
Que dans sa patrie on chantait. De ses
lèvres
Quand l’harmonie sortait, ses nombreuses
chèvres
Cessèrent de boire et de paître afin d’ouïr
Leur maîtresse chanter et de sa voix
jouir.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2163.
lundi 22 juin 2015
Conte: Marie la fille du roi (Partie II)
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