mardi 9 juin 2015

Conte: Les sept paires de souliers de fer et les trois baguettes de bois (Partie IV)

CONTE: LES SEPT PAIRES DE SOULIERS DE FER ET LES TROIS BAGUETTES DE BOIS (PARTIE Iv)


IV. Comment le roi récompensa la belle Catarinella qui sauva son cher fils

Suite à un long voyage, la jeune aventurière
Vit le ciel exaucer ses ferventes prières,
Car après le repos qui lui fut refusé
Ses sept souliers et ses baguettes étaient usés.
Par un pareil exploit son ardeur ravivée,
Au Monte Incudine elle fut arrivée,
Qui n’était pas bien loin, au coucher du soleil,
Alors que son sommet lointain devenait vermeil.
Au pied de la montagne, dans la solitude,
Au roi qui l’attendait avec inquiétude
Elle dit : « Je n’ai plus, maintenant, à marcher.
Attendez-moi un peu, je viendrai vous chercher. »
Quand Catarinella fut au château de marbre,
Elle entendit les pierres, les bêtes et les arbres,
Parler, danser, chanter et la bienvenir
Et se courber devant elle pour la bénir.
« Bonjour », lui disaient-ils comme s’ils l’attendaient,
Et son sourire et sa voix leurs bonjours rendaient.
Le gardien vint à elle. L’austère chevalier
Lui demanda : « Tes trois baguettes et tes souliers
Sont-ils usés ? Sinon ta mort est certaine. »
« Oui, répondit-elle, à des contrées lointaines
Pour les user comme il se doit j’ai voyagé
Et j’ai été aidée par trois bonhommes âgés.
Je veux ressusciter le prince sans attendre. »
« Attends un peu, dit le gardien d’une voix tendre,
A ceux qui l’entourent donne la vie avant.
Lorsqu’il s’éveillera tout à coup en rêvant,
Il ne se sentira point seul. Ta vaillance
Mérite mes éloges et ma bienveillance,
Et nul n’a réussi avant toi la mission. »
La fillette trempa avecque compassion
Un morceau de baguette de bois dans une eau claire
Donnée par le gardien souriant pour lui plaire,
En toucha les statues en disant : « Par cette eau
Je te donne la vie. », et les gens du château
Prenaient vie, et comme des enfants qui dormirent,
Aussitôt à marcher et à parler se mirent.
Quand le fils du roi fut enfin ressuscité,
Il demanda son père. Avec célérité
Catarinella le fit venir. Le père
Pleurait de bonheur et dit à son fils : « J’espère
Que vous récompenserez en devenant son mari
Cette beauté dont le cœur pour vous fut marri
Et qui pour vous sauver a parcouru le monde. »
Et il serrait son fils, plein d’une joie profonde,
Comme s’il l’étouffait tant il était heureux.
De la beauté de sa bienfaitrice amoureux
Comme elle de ses grâces, sans en être blême,
Le prince l’épousa. Les noces le jour même
Furent célébrées, et parmi les invités
Etaient les compagnons de sa captivité,
Heureux de vivre, et qui se dédommagèrent
Car ils burent comme quatre et ils mangèrent.
Catarinella et le prince, emplis d’amour,
Retournèrent au royaume après cinq ou six jours –
Du conteur excusez la vieillesse fatale –
Dès qu’ils furent arrivés dans la capitale,
Les cloches sonnèrent de joie. On entendit
La plus belle musique, car pendant trois lundis
La poire, la noix et l’amande donnaient
Un concert à tout le royaume et l’étonnaient.

[FIN DU CONTE: LES SEPT PAIRES DE SOULIERS DE FER ET LES TROIS BAGUETTES DE BOIS]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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