CONTE: LES SEPT PAIRES DE SOULIERS DE FER ET LES TROIS BAGUETTES DE BOIS (PARTIE Ii)
II. Les présents que deux vieillards et un ermite
firent à Catarinella pendant son voyage
La beauté voyagea, apparition altière,
Pendant trente jours et trente nuits
entières
Sans s’arrêter. Enfin, lasse, elle
rencontra
Une immense forêt profonde où elle
entra.
Contente, elle y vit une petite lumière ;
« Cela vient sans doute de quelque
chaumière,
Pensa-t-elle ; si je pouvais y
parvenir,
J’y passerais la nuit et pourrais l’y
finir. »
Elle pressa le pas et trouva, en
pierres,
En ruines, couvertes de ronces et de
lierres,
Une vieille maison délabrée. « Pan !
Pan ! Pan ! »
Quelqu’un lui demanda, à la porte
frappant :
« Qui êtes-vous ? » « Ouvrez-moi,
je vous en supplie !
Lui répondit-elle. Par les lieues pâlie,
Je suis une pauvre fille, en réalité,
Qui demande pour la nuit hospitalité. »
Un vieillard lui ouvrit, que les années
courbent
Et qui avait une longue et blanche barbe
Auguste et qui lui tombait jusqu’aux
genoux.
A Catarinella il dit d’un air bien doux :
« Entrez, mon enfant ; vous
voir est bon présage,
Depuis cent ans je n’ai point vu un seul
visage.
Que venez-vous faire, seule en ces bois
lointains ? »
« J’y viens, dit-elle à son hôte,
car mon destin
Est de courir le monde, et le faisant j’espère
Que j’userai ces trois baguettes et ces
sept paires. »
Et elle raconta au vieillard
bienveillant
Tout ce qui lui était arrivé. S’éveillant,
Elle voulut partir après la nuit noire.
Le vieillard lui dit : « Prends,
mon enfant, cette poire,
Elle te permettra quand tu veux de jouer
Une musique qui fait les fleurs éjouer.
Va au palais du roi ; à la poire
enchantée
Lorsque tu diras – n’en sois point
épouvantée – :
Poire, ne m’oublie pas, étonnée tu seras,
Et en quelques instants, ma fille, tu
verras
Immense et prodigieux, sortir soudain de terre
Le palais où le fils du roi est devenu
pierre. »
Elle remercia pour son présent le
vieillard.
Après avoir marché dans maints sombres
brouillards,
Traversé des fleuves et passé des
montagnes,
Elle vit bêcher, dans une vaste
campagne,
Près de sa cabane un vieil homme tout
chenu.
« Qui es-tu ? lui dit-il, nul
ici n’est venu
Depuis que j’ai quitté les hommes et
leur monde,
Aimant la solitude à cet endroit
immonde. »
Elle lui raconta ses baguettes et
souliers
Et toute son histoire, sans aussi
oublier
De demander asile pour cette nuit
sombre.
Dès que la douce aurore en dissipa l’ombre
Et alors qu’à partir elle se préparait,
Le vieillard dit à la fillette qui
errait :
« Prends cette noix magique, qui te
sera utile.
Il sortira de terre un moulin fertile
Lorsque tu lui diras : noix, noix,
ne m’oublie pas.
Que Dieu te sauve du malheur et du
trépas !
Pars, sur ton chemin tu trouveras un
ermite
Qui n’a qu’une cabane et une marmite
Et qui te donnera quelque chose à son
tour. »
Errant pendant un an comme les vieux
pâtours,
Elle vit l’ermite et lui fit la demande
Qu’elle fit aux vieillards. « Grâce
à cette amande,
Lui dit-il, tu pourras faire parler les
morts
Et les faire danser même malgré leur
sort.
Tu trouveras la cité après cette
montagne ;
Va, que notre Seigneur t’aide et t’accompagne. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2175.
dimanche 7 juin 2015
Conte: Les sept paires de souliers de fer et les trois baguettes de bois (Partie II)
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