CONTE: LES sept paires de souliers de fer et les trois baguettes de bois (Partie i)
I. La voix qu’entendit
Catarinella au Monte Incudine, et la mission qu’on lui ordonna d’accomplir
Catarinella et
ses deux sœurs blondines
Allaient chercher
du bois au Monte Incudine,
Tous les jours
une voix lui disait : « Va plus haut,
Catarinella, n’aie
point peur car il le faut. »
Les jeunes
filles eurent d’abord peur de l’entendre,
Mais cette voix
était si invitante et tendre
Que Catarinella
s’y familiarisa
Et, courageuse
qu’elle était, s’héroïsa.
Un jour elle dit
à ses sœurs tremblantes
Qui étaient
moins braves qu’elle et plus indolentes :
« Cette
voix nous invite chaque jour à monter ;
Pour voir ce qu’elle
veut au somment nous conter
Voulez-vous avec
moi venir ? » « Sombre idiote !
Lui répondirent-elles,
veux-tu notre morte, sotte ?
Ramasse ton bois
et retourne à la maison. »
Mais Catarinella
n’entendit point raison
Et, aux conseils
de ses sœurs indifférente,
Elle les
embrassa, pâles et implorantes,
Sans qu’elles ne
pussent, hélas, la retenir,
Et partit du
côté d’où lui semblait venir
Cette voix qui l’appelait
à une aventure.
Pour encourager
la frêle créature
La voix lui
répétait de monter. Ses sueurs
Ne l’empêchèrent
point de marcher ; les lueurs
Du jour s’éteignaient,
et elle marchait encore
En contemplant d’en
haut l’abîme et les accores.
Elle trouva
enfin au sommet printanier,
Etonnée de l’y
voir, un fort vieux jardinier
Qui, la voyant,
lui dit : « Malheureuse fillette !
Que viens-tu
faire ici, pauvre enfant douillette ?
C’est la mort
qui t’attend si tu ne peux remplir
La mission que l’on
va te charger d’accomplir. »
Et le jardinier
la conduisit dans la salle
Du plus beau
château qui fût, sombre et colossale
Et remplie de
statues. L’homme qui la gardait
En la voyant qui
à venir se hasardait
Lui dit : « C’est
le destin qui jusqu’ici t’emporte ;
Tes yeux se
fermeront et tu seras morte
Et la parole sur
tes lèvres séchera,
Ô Catarinella,
si Dieu t’empêchera
D’accomplir ta
mission, fillette imprudente. »
Elle lui dit,
emplie d’une peur évidente :
« Ah !
mon Dieu ! quelle est donc cette sombre mission ? »
Le gardien, qui
pour elle eut de la compassion,
Lui répondit : « Vois-tu
toutes ces statues ? Sache
Que ces hommes n’ont
point pu accomplir la tâche
Que je t’imposerai.
Ils ne sont point tués
Mais ils ne
vivent point. Et comme toi tu es
Belle et
charmante, ta tâche sera plus douce.
Gare à toi,
cependant, si tu me courrouces !
Contemple ces
hommes. Qu’est-ce que tu vois ? »
« Mille
augustes statues, mais sans vie et sans voix.
Ils sont tous
habillés comme marquis et comtes. »
« Qu’est-ce
que tu vois dans cette niche? conte. »
« A sa
noble allure, c’est un prince, je crois. »
« En effet,
dit le gardien, c’est le fils du roi.
Il a vingt ans,
il faut que tu sois sa femme. »
« L’épouser ?
s’écria-t-elle, il n’a point d’âme,
Et il faut lui
rendre la vie, car il est mort ! »
« Ce n’est
point, expliqua le gardien, son sort,
Mais c’est ce
que tu dois faire afin de vivre.
De sa
malédiction si tu le délivres,
Ce château,
empli de trésors, t’appartiendra.
Si tu ne réussis
point, tu deviendras
Pendant cent
fois cent ans une statue de pierre.
Pour que tu réussisses,
beauté aventurière,
Use ces sept
paires de souliers de fer
Et ces trois
baguettes de bois, et comme en mer
Le vaisseau va
de port en port aux mouillages,
De château en
château, de village en village,
Tu partiras
jusqu’à user tous tes souliers
A force de
marcher, sans aussi oublier
D’user tes trois
baguettes en frappant aux portes.
Va, pour vivre
il faut que maintenant tu partes. »
Elle prit ses
souliers, ses baguettes et partit,
Songeait à sa
mission et du château sortit.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
samedi 6 juin 2015
Conte: Les sept paires de souliers de fer et les trois baguettes de bois (Partie I)
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