CONTE: LES SEPT PAIRES DE SOULIERS DE FER ET LES TROIS BAGUETTES DE BOIS (PARTIE IIi)
III. A quoi Catarinella employa son amande, sa noix
et sa poire, et le conseil qu’elle donna au roi
Malgré ses fatigues , ses peines et ses
effrois,
La fillette arriva dans la cité du roi.
Là, ayant vu une procession funéraire,
Elle joua de son amande, téméraire,
Car tous se recueillaient en ses
funèbres instants.
Au grand étonnement des nombreux assistants,
Voici ledit défunt, qui a pour nom
Charles,
Qui se lève, tout mort qu’il est, danse
et parle.
Tout le monde entoura, de ce prodige
ébloui,
Catarinella, et le roi était celui
Qui s’étonna le plus. Il vient et lui
demande :
« Fillette, combien veux-tu de ton
amande ? »
« Je ne la vends point ni pour or
ni pour argent.
Pourquoi me l’acheter vous serait si
urgent ?
Vous possédez tout un royaume et ses
richesses,
Et je ne suis point reine, princesse ou
duchesse »,
Répond-elle. Et le roi, qui à lui
la voulait,
Repart : « Je te donne ma
ville et mon palais. »
Mais Catarinella refusa cette offre.
Le roi, dont le cœur pour son fils encor
souffre,
De la laisser aller fut, hélas, obligé.
Mais avant de partir il lui dit, affligé
De son entêtement : « Tu
es mon invitée,
Viens au palais, ce soir. Tu y seras
fêtée. »
Elle consentit en adoucissant sa voix
Et vint au palais, le soir, jouant de sa
noix.
La musique était si belle et vénérable
Que le roi se leva aussitôt de sa table
Pour voir ce que c’était. Preste comme
un poulin,
Il vit, tournant, tournant devant lui,
son moulin,
Alors qu’il n’y avait point de vent ou
de tempête
Qui soufflait, ce soir-là, dans sa vaste
trompette.
« Ah ! Catarinella !
dit-il avec émoi,
Ta noix est merveilleuse ! Ma
belle, vends-la-moi. »
« Non, répondit-elle, elle n’est
point à vendre. »
Il la pria alors de lui faire entendre
Sa musique encore, et elle prit cette
fois
Sa poire enchantée en laquelle elle
avait foi
Enchantant le palais avec ses mélodies.
Elle fut de toute la cour fort
applaudie.
On se tut quand on vit, tel la fumée du
feu,
Un immense château s’élever peu à peu
Où le fils du roi fut transformé en
statue
Et la salle funeste aux portes
rabattues.
Quand le roi reconnut son fils, il s’affola,
Criant : « Vends-moi ta
poire, ô Catarinella !
Prends mon royaume, prends mes trésors
et ma vie !
Et que mon âme soit par le diable ravie
En échange de ta poire, si tu le veux ! »
« Non, lui répondit la fillette aux
blonds cheveux.
Pour que votre fils bien portant vous
revienne
Suivez-moi. » « Avec vous
j’irais à Vienne,
S’écria le souverain, sans être
épouvanté.
Mais je ne puis plus voir le palais
enchanté
Où mon fils est captif. » Dans la
nuit noire
Le palais disparut, en effet, quand la
poire
Se tut. « Ce n’est point là qu’il
faudra le chercher,
Expliqua la fillette, moi je vais y
marcher
Pour user mes souliers ainsi que mes
baguettes.
Au Monte Incudine que le firmament
guette
Partez à cheval pour arriver vite, roi.
Vous entendrez, quand vous serez à cet
endroit,
Une voix qui vous dit de monter.
Rebelle,
Vous perdrez votre fils, avertit la
belle.
Il vous faudra comme moi, majesté, user
Sept paires de souliers de fer, et sans
ruser
Trois baguettes de bois, pour qu’on
désenchante
Votre si cher enfant. » Ame bonne
et vaillante,
Le roi la remercia pour ses conseils
précieux
Et partit, rapide, tel l’oiseau dans les
cieux.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
lundi 8 juin 2015
Conte: Les sept paires de souliers de fer et les trois baguettes de bois (Partie III)
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