samedi 20 juin 2015

Conte: La fontaine à l'eau de rose (Partie II)

CONTE: LA FONTAINE À L'EAU DE ROSE (PARTIE Ii)


II. Comment le cadet fut aidé par la Vierge à sauver son père et devint un saint à Aléria

Le cadet, à son tour, rencontra la Vierge
Portant le saint Enfant comme on porte un cierge,
Comme l’innocence portée par la vertu.
Marie lui demanda doucement : « Où vas-tu ? »
« Chercher, madame, la fontaine à l’eau de rose,
Répondit le cadet, pour mon père morose
Car il devint aveugle et je veux le guérir
Et pour que je le sauve je suis prêt à périr. »
« Sais-tu, mon enfant, où se trouve la fontaine ? »
« Non, je ne sais qu’une chose : qu’elle est lointaine.
Mais le souvenir de mon père m’encouragera
Et peut-être que le bon Dieu me ménagera
Et me guidera jusqu’à la merveilleuse source. »
« Mon enfant, ton cœur est bon. Tes rudes courses
Vont bientôt finir. Suis cette route seulement,
Tu seras accueilli à la fin hostilement
Par les bêtes farouches qui en sont les gardiennes,
Mais pour que nul malheur sombre ne t’advienne
Et pour que tu les tues, à manger donne-leur
Des morceaux de cette cire de bleue couleur.
Quand tu auras rempli d’eau rose ta bouteille
Qui n’est à nulle autre eau ici-bas pareille,
Tu la conserveras toujours précieusement
Et tu t’en serviras peu et pieusement
Car une goutte peut rendre à un mort la vie. »
L’âme de ces conseils salutaires ravie,
A la fontaine le jeune homme se rendit.
Les affreux rugissements que l’enfant entendit
Le terrifièrent, et son cœur s’emplit d’alarmes.
En le voyant venir, un serpent énorme
S’élance sur lui et il le veut dévorer.
Dans la gueule ouverte du monstre abhorré
Il lance toutefois courageusement sa cire
Et il ne tarde pas ainsi à occire
Toutes les autres bêtes, à la source remplit
Sa bouteille, et revient, son devoir accompli,
A Aléria guérir son père qu’il aime.
Il était mort depuis deux jours. Sans être blême,
Son fils alla ouvrir le tombeau et versa
Une goutte sur le défunt qui conversa
Joyeusement avec lui. A ce spectacle,
On cria dans la ville fervemment au miracle
Et on dit que le fils cadet était un saint
Alors qu’il protesta, disant que son dessein
Etait de guérir son père, et qu’une dame
L’avait aidé. La ville ne perdit nulle âme
Tant que le cadet y vécut ; nul ne mourut,
Et son eau enchantée chaque fois secourut
Des morts et des mourants souffrants et livides.
Quand il en eut besoin, le flacon était vide
Et malheureusement il ne put en profiter.
Mais il était si vieux qu’au lieu de s’inquiéter
Il ne regretta pas, au soir de l’âge,
La vie éphémère et les heures volages.

[FIN DU CONTE: LA FONTAINE À L'EAU DE ROSE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: