vendredi 19 juin 2015

Conte: La fontaine à l'eau de rose (Partie I)

CONTE: La fontaine à l'eau de rose (PARTIE I)

I. Ce qui arriva aux deux fils, partis chercher un remède pour leur vieux père

Un homme d’Aléria, plus riche que les rois,
A l’âge avancé et dont les fils étaient trois,
Frappé de cécité à l’hiver de sa vie,
Dit à ses fils : « Qui me rendra ma vue ravie
Aura après ma mort toutes mes possessions. »
De cette promesse pour remplir leur mission
Les trois fils n’avaient pas besoin, car ils l’aimaient
Et de le voir devenu aveugle s’alarmaient.
Ils partirent par le monde avec le dessein
De trouver un remède, mais les plus grands médecins
Disaient que ce mal, nul ne pouvait le combattre.
A la fin un docteur, plus docte que les autres,
Leur dit : « Nul mortel ne possède le pouvoir
De guérir votre cher père avec son savoir.
Je ne sais, mes enfants, qu’un unique remède,
Pour que vous l’obteniez que le Seigneur vous aide !
Allez une bouteille en voyageant remplir
A la fontaine à l’eau de rose sans pâlir.
Cette eau est enchantée et sauvera votre père,
Mais cette fontaine des fauves est le repaire,
Armez-vous de courage et armez-vous de foi. »
Ils ne se le firent pas répéter deux fois
Et partirent à l’instant pour cette fontaine
Dont ils ne savaient rien, sauf qu’elle était lointaine
Et dangereuse aussi. Les trois frères errants
Prirent en la recherchant trois chemins différents
Avec l’espoir qu’un jour enfin ils guériraient
Leur père et à vaincre son mal réussiraient.
Le premier voyagea fort longtemps. Au lendemain
Du dixième jour, il vit sur son chemin
Une jeune femme portant un enfant frêle
Dans ses bras, et d’une beauté surnaturelle.
« Où vas-tu ? » demanda-t-elle au voyageur.
Celui-ci répondit, de sa question rageur :
« Quelle est cette question que je viens d’entendre ?
Que t’importe ? Aurais-je des comptes à te rendre ? 
Eloigne-toi ou il t’arrivera malheur. »
La dame soupira et dit avec douleur :
« Eh bien ! va où ton sort te conduit. » Cette femme
C’était Marie avec Jésus, chair de son âme
Qu’elle portait au bras, petit et adoré.
L’aîné fut par les lions courroucés dévoré
Quand il arriva à la fontaine enchantée.
Le second rencontra Marie déjà contée ;
« Où vas-tu ? » demanda-t-elle au garçon fier.
« A voir ta mine, tu as faim depuis hier ;
Tu es trop curieuse, manante misérable !
S’écria-t-il à la Dame vénérable.
Des tes propres affaires tu devrais te mêler.
Va-t’en, car je ne vais rien te révéler. »
Elle s’attrista de sa réponse violente
Et ajouta : « Que ta voix est insolente !
Est-ce ainsi qu’à une dame on fait plaisir ?
Je me tais puisque tel est ton cruel désir. »
Le voyageur connut le destin atroce
Que connut son cadet, et les bêtes féroces
Qui gardaient la fontaine, en firent leur repas
Et pour le dévorer elles n’hésitèrent pas.  

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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