CONTE: LAI DU PALEFROI VAIR (HISTOIRE DU CHEVAL GRIS) (PARTIE Iv)
IV. La douleur de Guillaume quand il sut la funeste
nouvelle
Guillaume, victorieux au tournoi mais
lassé,
Chez l’oncle qu’il crut son complice
avait passé
Pour ouïr la réponse propice qu’il
espère.
Mais ne le trouvant pas, il crut que le père
Faisait à ses souhaits quelque
difficulté,
Et sans qu’il ne fût de ce retard
révolté,
Le cœur parfaitement tranquille sur l’affaire,
De ses amours le chantre et le thurifère,
En rentrant chez lui de venir il fit
prier
Pour chanter des chansons douces un
ménétrier,
Les yeux emplis d’espoir, tournés vers
la porte.
Tout à coup il voit – Que le Diable l’emporte
–
Le valet qui salue de la part du
vieillard
Et qui lui demande à son nom d’un air
gaillard
Son beau palefroi gris pour lui et la
dame,
Qu’on lui rendra bientôt. « De
toute mon âme !
S’écrie le chevalier, et je serais
content
De le lui prêter, s’il le faut, pour
plus longtemps.
Que veut-il en faire, que j’y emploie
mon zèle ? »
« Sire, on mène à Médot notre
demoiselle. »
Répond le domestique, et Guillaume
repart :
« A Médot ? J’ignorais qu’elle
allait quelque part !
Qu’y va-t-elle faire ? Pourquoi ce
voyage ? »
« C’est pour consommer, dit le
valet, son mariage.
Ne savez-vous donc pas que votre oncle
est venu
La demander à monseigneur, a obtenu
Sa main de lui, et qu’ils seront mari et
femme
Demain matin ? » De la
trahison infâme
Le chevalier reste pétrifié d’étonnement
Et, courroucé par cet abandonnement,
Songea à se venger, se promenant en
silence,
Furieux, les yeux baissés, se faisant
violence
Pour dompter ses ardeurs. « Ce
traître m’a tout pris,
Se disait-il, et veut aussi mon cheval
gris !
On a forcé sa main, c’est une certitude.
Nina m’aime et elle a la même inquiétude,
Elle ne préférera point à moi ce barbon !
Maudit vieillard au cœur sombre comme
charbon ! »
Et il fait sceller son cheval gris, le
prête
En espérant toujours que le destin l’arrête,
Puis appelle, lorsque le valet sort, ses
gens
Et généreusement leur part son peu d’argent,
Leur permettant de le quitter à l’instant
même.
Ceux-ci lui demandent, éperdus et
blêmes,
Car ils sont fidèles, en quoi ils ont
déplu.
« Partez, leur répond-il, je ne
vous retiens plus !
Vous avez tous été fidèles et
honorables,
Mais moi je suis devenu, hélas ! un
misérable
Que le destin condamne à pleurer et
souffrir.
Partez et laissez-moi dans ce château
mourir. »
Mais les infortunés tous se jettent en larmes
A ses pieds. De rester pour guérir ses
alarmes
Ils le conjurent, mais lui, sans s’y
conformer,
Les quitte et s’en va dans sa chambre s’enfermer.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
vendredi 22 mai 2015
Conte: Lai du Palefroi Vair (Histoire du cheval gris) (Partie IV)
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