CONTE: LAI DU PALEFROI VAIR (HISTOIRE DU CHEVAL GRIS) (PARTIE iII)
III. La trahison de l’oncle de Guillaume, et ce qu’il
alla dire au père de Nina
Guillaume courut chez l’oncle sans
attendre
Comme lui dit Nina. Avec des soupirs
tendres
Il le supplia de seconder son amour
Et oublia de dire qu’on l’aimait en retour.
Son oncle répondit : « Je
loue votre zèle,
Votre mie est une charmante demoiselle,
Je connais sa vertu qu’on ne peut que
bénir.
Soyez tranquille, car je vais vous l’obtenir
De son père, qui est mon ami d’enfance,
Et qui ne fera pas la même défense
Quand je lui parlerai, et j’y vais de ce
pas. »
Content comme un hère invité au repas,
Guillaume alla, l’âme d’espoir enfin
remplie,
En attendant que la mission fût
accomplie,
Pour Galardon, à un tournoi qui durerait
Deux jours, mais sans songer point qu’on
le leurrerait
Et que son oncle était en vérité
traître.
Cet oncle alla devant le père paraître,
Il le reçut avec grande hospitalité,
Agent, sans le savoir, d’autre fatalité.
Les deux vieillards firent d’abord bonne
chère
Et de leurs jeunesses, qui leur sont si
chères,
Parlèrent en racontant leurs travaux
fort vantés
En guerre et en amour, quelques-uns
inventés.
« Mon vieil ami, dit l’oncle
ensuite au père,
D’être encore garçon je m’ennuie, et j’espère
Que vous accepterez une proposition
Que je viens vous faire, sans nulle
opposition.
Accordez-moi Nina. Je lui abandonne
Tous mes biens, et avec bonheur les lui
donne,
Et je demeurerai ici jusqu’à ma mort
Si épouser votre chère fille est mon
sort. »
Cette proposition plut au père cupide
Et son consentement fut certes rapide ;
Il embrassa son gendre pour sceller l’engagement,
Et pour lui annoncer le funeste
arrangement
Fit venir sa fille qui en fut
consternée.
Maudissant ce vieillard et l’horrible
journée,
Elle se cacha dans sa chambre, sans
recours,
Et de son chevalier implorant le secours
Alors qu’à Galardon il se couvrait de
gloire
Sans qu’il n’imaginât cette perfidie
noire
D’un oncle qui voulait lui ravir sa
beauté
Et le déshériter avecque cruauté.
Le soir, Nina courut comme d’habitude
Attendant son amant dans la solitude
Sans savoir qu’il était à son tournoi
rendu.
Après avoir longtemps et vainement
attendu
Sans qu’elle ne vît son chevalier apparaître,
Elle rentra, pleurant. Cependant les
deux reîtres
S’entendirent pour qu’on fêtât au même
soir
Au château de Médot, ce qui semblait
leur seoir,
Les noces et le mariage. Ils dirent en
conséquence
Qu’on partirait fort tôt. Avec
grandiloquence
Ils invitèrent leurs amis encor vivants.
Voir tous ces vieillards au cortège se
suivant
Etait bien burlesque, mines nonchalantes
Au front ridé, la tête chauve et les
mains tremblantes.
Nina, la mariée, se désolait tristement,
On préparait sa robe et ses ajustements,
Et elle retenait ses larmes avec
courage.
Le père venait pour examiner l’ouvrage
Et on lui demanda cependant s’il avait
Le nombre suffisant de chevaux qu’il
savait
Nécessaires, pour qu’on conduisît les
convives
Au château de Médot. « Sur les
leurs ils arrivent,
Répondit le vieillard, et quand ils
partiront
Ceux de mes écuries sans doute suffiront
Ou nous irons chercher dans le
voisinage. »
Et chargea un valet de ce badinage.
Le balourd se rappela en route, paressant
Et l’idée de rentrer vite le caressant,
Que Guillaume avait un cheval digne d’un
prince
Gris et réputé le plus beau de la
province,
Et crut pouvoir flatter en le lui
ramenant
Sa pauvre maîtresse. Au chevalier
avenant
Il l’alla emprunter donc, coquin qui
pense
Mériter ainsi une belle récompense.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
jeudi 21 mai 2015
Conte: Lai du Palefroi Vair (Histoire du cheval gris) (Partie III)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: