CONTE: lai du palefroi vair (histoire du cheval gris) (partie I)
I. Les amours de Guillaume et de Nina, et ce qu’en
pensa le père de cette dernière
Un chevalier
nommé messire Guillaume
Vivait en
Champagne, le plus preux du royaume,
Brave et
honorable, mais pauvre, hélas! d’avoir.
Bien que ses
travaux se fissent partout savoir,
Notre héros n’avait
qu’une petite terre
Qui valait deux
cents livres, et chevalier qui erre,
Il devait
subsister par sa seule valeur.
Pour un homme
tel que lui quel sombre malheur !
Car il avait l’honneur,
la vertu, le courage.
Aux tournois il
bravait ses ennemis avec rage
Et sans qu’il
saluât les dames galamment,
Mais du bouclier
et de la lance l’amant,
Il chargeait, la
tête baissée, comme la foudre,
Et à la défaite
ne pouvant se résoudre,
Il ne se
retirait que quand il fut vainqueur,
Les cris de la
foule faisant battre son cœur.
A ce guerrier,
seigneurs, si je rends justice
Et loue sa
bravoure qui n’était point factice,
C’est parce que
c’est ainsi que notre Créateur
Nous donnera à
voir ses preux imitateurs.
Dans le
voisinage du héros, vieux et chiche,
Demeurait un
seigneur qui était veuf et riche,
Père d’une
beauté douce nommée Nina
Qui embrasa de
mille feux, plut et chagrina.
Son château
était dans les bois de Champagne,
Un fier édifice,
haut comme une montagne,
Qui était à une
lieue de celui, chétif,
De notre
chevalier dont il semblait captif
Car il semblait
une prison dont il fut maître.
Le château du
vieillard ne daignait rien promettre
Aux voyageurs ou
aux galants, toujours nombreux,
Parce que
défendu par un fossé ténébreux
Et une forte
haie d’épines, de sorte
Que nul n’accédait
à la lointaine porte
De ce château
bâti sur un tertre escarpé
Que par le
pont-levis. Ce manoir usurpé
A la nature
était la paisible retraite
Du vieillard et
de sa fille, et les amourettes
S’y brisaient
ainsi que les flots sur les écueils,
Et la beauté
était dans ce rude cercueil
Avec son père, noble
et toujours déférente,
Qui gagnait
chaque année mille livres de rente.
Cette fortune et
son front beau comme le jour
Sans surprise
excitaient convoitise et amour
Et de ses
soupirants augmentaient le nombre.
Guillaume en
était et il en était sombre,
Voulant plaire à
sa douce bien-aimée à tout prix
Dont il était
devenu profondément épris
Et par la
courtoisie et par de beaux faits d’armes.
Il y parvint,
mais il lui en coûta des larmes
Quand son père
qui vit souvent le chevalier
Lui devint
soudain froid et inhospitalier
Et défendit à sa
fille avec colère
De parler à
Guillaume qui semblait lui plaire.
Son âge, de
surcroît, l’empêchait de sortir
Pour chasser
dans les bois ou pour se divertir,
Ce qui laissait
les deux amants dans l’impuissance
De communiquer,
et sans espoir d’absence.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
mardi 19 mai 2015
Conte: Lai du Palefroi Vair (Histoire du cheval gris) (Partie I)
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