CONTE: LA MULE SANS FREIN (PARTIE Iv)
IV. Les curieuses rencontres que Gauvain fit dans le
château
Quand il vit du château désert le triste
sort,
Gauvain pensa être au royaume de la mort :
Les cours, ainsi que les fenêtres,
étaient vides,
Et partout régnait la solitude livide
Et un silence lourd de nuit et de
tombeau
Au château où luisaient quelques pâles
flambeaux.
Un nain paraît enfin, étrange et
difforme,
Que voir dans ce manoir oublié alarme
Le plus preux, et le rend de son destin
inquiet.
Il contemple Gauvain de la tête aux
pieds.
Le héros, sans trembler de lui, lui
demande
Le nom de la dame ou du seigneur qui
commande,
Ce qu’ils exigent et où il pourra les
trouver.
Le nain se tait comme pour encor l’éprouver
Et il ne lui répond rien et se retire.
Gauvain marche encore et voit, laid
comme un satyre,
Surgir d’un souterrain un immonde géant
Et qui semblait jaillir tout à coup du
néant,
Velu comme l’ours et armé d’une hache.
Il l’interroge aussi. De n’être point
lâche
Il le félicite, et en même temps le
plaint
De venir au château de mille hasards
plein
Courir une aventure qui lui sera funeste
Sans qu’il s’alarme du présage manifeste
Des têtes coupées, sort des braves
étrangers.
Il le sert cependant et le fait bien
manger,
Comme un seigneur le traite,
bienveillant et amène,
Et à la chambre où il doit coucher le
mène ;
Mais il lui demande, au moment de
sortir,
De lui couper la tête, prend soin de l’avertir
Que le lendemain il reviendra à sa
chambre
Pour le traiter de la même manière
sombre.
Gauvain prend son épée et remplit sa
mission
Et fait rouler à ses pieds et sans
confessions
La tête du géant que ce dernier ramasse
Remet sur ses épaules et fait une
grimace,
Puis s’en va comme s’il n’a point été
tué.
Gauvain, chevalier aux prodiges habitué,
Malgré son étonnement et sa sombre
promesse
Dort bien tranquillement. A la première
messe
Le géant arrive et éveille rudement
Le chevalier, et lui dit avec un
grondement
De présenter sa tête et d’être fidèle
A son serment. Lui, sans voir trente-six
chandelles,
Lui tend docilement le cou sans hésiter.
Mais c’est pour l’éprouver qu’il le
vient visiter ;
Avec chaleur le bon géant le congratule,
Notre chevalier, qui jamais ne capitule,
Lui demande alors où il faut chercher le
frein.
Le géant lui répond : « Du
destin nul n’enfreint
Les lois : le courage est la seule
manière
D’avoir ce qu’on désire. Lion, dans ta
tanière
Repose-toi d’abord. Prépare ta valeur,
Sois prêt à combattre, chevalier, sans
pâleur,
Avant la fin du jour commencera l’épreuve,
Que le sang ennemi coule comme un
fleuve. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
mardi 12 mai 2015
Conte: La Mule sans frein (Partie IV)
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