samedi 9 mai 2015

Conte: La Mule sans frein (Partie I)

CONTE: La mule sans frein (partie i)

I. La requête que fit une noble dame à la cour d’Artus, roi de Bretagne

Artus, roi de Bretagne, brave, épris des duels,
Tenait cour plénière, jadis, à Carduel
Où il était aux fêtes de la Pentecôte.
On voyait des dames et des barons côte à côte
Et de grands chevaliers nommés par le destin.
Ce n’étaient que liesse, tournois et festins
Qui égayaient doucement la cité entière.
Au second jour de cette assemblée altière,
On quittait la table, quand on vit arriver
Sur une mule sans frein qu’on ne pouvait priver
Et sans licol, une dame dans la prairie
Qui était fort belle et vêtue avec braverie.
Cette vue rendit tous les convives curieux ;
Qui était cette dame au nom mystérieux
Et que nul invité ne put reconnaître ?
Le roi, la reine et tous se mirent aux fenêtres,
Et chacun cherchait à deviner qui était
Cette voyageuse qui point ne s’arrêtait,
Belle et solitaire, solitaire et belle,
Sans serviteur sur sa monture rebelle,
Et ce qu’elle voulait. On vit son doux front pur
Quand elle arriva au manoir et près des murs.
Voulant montrer à cette beauté leur courtoisie,
Chevaliers et pages, emplis de poésie,
Volèrent au-devant d’elle, s’empressant de l’aider
A descendre de sa mule et la guider.
On vit alors que son visage aux doux charmes
Qui montrait sa douleur, était mouillé de larmes,
Et les signes de sa noblesse et sa vertu.
Elle fut conduite devant le roi Artus.
Elle lui fit une profonde révérence,
Le salua avec grande déférence,
Essuya ses yeux et de venir à sa cour
S’excusa, car elle lui demandait secours.
« Quel est donc votre ennui, ma noble demoiselle ?
Lui demanda Artus. Avec bravoure et zèle
Nous le soulagerons, mes chevaliers et moi,
Et nous consolerons votre farouche émoi.
Parlez donc sans crainte, et que rien ne vous alarme,
Pour occire votre ennemi nous brandirons les armes. »
En montrant sa mule la dame dit : « Voyez :
On m’a volé le frein de ma mule. Soyez
Béni, ainsi que tous les preux qui vous entourent !
Je veux qu’un de vos braves chevaliers me secoure
En bravant le danger pour le reconquérir.
C’est le seul remède qui puisse me guérir ;
Je pleurerai jusqu’à ce qu’on me le rapporte.
Je suis venue, seigneur, frapper à votre porte
Car vous avez plus de preux que les pluies d’hiver
Et dont les travaux sont chantés par l’univers. »
Elle pria Artus, qu’elle appela son maître,
En pleurant encore, de bien vouloir permettre
A l’un de ses braves de secours lui porter.
« Mon champion, ajouta la dame, avec fierté
Sera conduit par ma mule au champ de bataille.
Pour prix de son courage et de ses entailles,
Il deviendra, lorsqu’il me reviendra vainqueur,
Mon légitime époux et maître de mon cœur. » 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: