CONTE: LA MULE SANS FREIN (PARTIE IIi)
III. Le preux Gauvain, et comment se déroula sa
périlleuse mission
La demoiselle était bien triste et
affligée,
Déchue de son premier espoir d’être obligée
Par les preux chevaliers d’Artus, et s’éplorait.
Le courageux Gauvain, qui aussi l’adorait
Et qui était d’Artus la plus puissante
épée,
Ame belliqueuse et vaillante et bien
trempée,
Proposa hardiment son prodigieux
secours.
Mais il voulut, avant qu’il ne quittât
la cour,
Comme maître Queux, un baiser de bon
augure.
Il avait plus belle et plus noble
figure,
Et maintenant on savait les périls à
courir ;
La dame donc le lui accorda sans
souffrir,
Sa valeur étant bien connue et éprouvée.
Le chevalier partit, sa requête
approuvée,
Sur la mule rapide. Les serpents et les
lions
Fondirent, farouches, sur notre champion
Comme sur maître Queux, mais avec
vaillance
Il tira son épée, empli de confiance,
Et allait combattre. Mais le vaillant
héros
Remit sa grande épée sans férir au
fourreau
Quand il vit s’incliner toutes les bêtes
fières
Devant la mule. Enfin il atteint la
rivière,
Voit le tronc de sapin, se recommande à
Dieu
Et s’élance, sur ce pont mortel, brave
et pieux.
Lisse et bombé, le pont formait une
route étroite
Que ne pouvait suivre la plus maigre et
adroite
Des bêtes de l’enfer. L’impassible
Gauvain
Resta bien droit, et les flots
rugissaient en vain
Pour l’engloutir sous eux, profonds et
sauvages.
Le héros aborda heureusement au rivage,
Et là se présenta un château fortifié
Qui eût repoussé les plus preux et
terrifié,
Garni de quatre cents pieux qui, ô,
épouvante !
Portaient chacun une sombre tête
sanglante
A l’exception d’un seul, sans nul
décernement,
Qui semblait attendre ce terrible
ornement.
D’abiminaux fossés emplis de flots
blêmes
Entouraient la forteresse qui tournait
sur elle-même
Comme une meule sur son pivot, ou le
sabot
Que sur sa courroie fait pirouetter un
nabot.
Nul pont ne traversait le fossé ;
la muraille
Semblait inatteignable, immense et qui
raille
Tous ses vaillants efforts. Il songea un
moment,
Et le brave Gauvain se demandait comment
Exercer sa valeur en ce lieux sinistres,
D’une douce beauté amoureux ministre.
Il attendit, sage, et il demeura prudent
Malgré sa bravoure et malgré son zèle
ardent,
Se disant que cette forteresse tournante
Dans ses révolutions qu’il trouvait
étonnantes
Lui offrirait quelque porte, et
déterminé
A ne point revenir, quitte à être
exterminé,
Avant qu’il n’accomplît sa mission
hasardeuse.
Il se tint donc devant la forteresse
hideuse,
Dès qu’il vit une porte il piqua
prestement
Sa mule qui franchit le fossé lestement,
Et le voici entré dans le château
sombre,
Ne voyant autour de lui qu’une vaste
ombre.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
lundi 11 mai 2015
Conte: La Mule sans frein (Partie III)
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